Je n'avais pas huit ans lorsque Papinou me fait
découvrir le plaisir de la grande randonnée.
Nous partîmes un après midi de printemps sur les chemins
du Gâtinais. Je ne savais pas où nous allions dormir et cela
m'inquiétait. Papinou entretenait le suspens en me disant
que nous allions dormir dans une chambre avec des wc,
cuisine et lavabo ; cela me réconforta, je pensai à un hôtel
ou une chambre d'hôte. Mais rien de cela, c'est le Jumper (•)
qui était garé chez des amis.
Dans le jardin, les poules se sont régalées lorsque je leur ai
donné le reste de coquillettes de notre souper.
Après une bonne nuit de sommeil, c'est la pluie qui
accompagne notre deuxième partie de randonnée.
À 13h nous déclarions forfait, 26 km de parcourus, trempé
comme une soupe. Mimi vient nous chercher. Ce que je ne
savais pas, c'est que c'était un test car Papinou n'a pas tardé
à me proposer quelque chose de bien plus important.
Faire le chemin de Compostelle....Sans réfléchir davantage,
j'ai dit OUI en espérant que mes parents soient d'accord
pour me laisser partir 10 jours dans un pays étranger.
Mon premier pèlerinage !!!
Pour mon huitième anniversaire, Papinou m'offre les billets d'avion pour L'Espagne.
Nous partirons le vendredi 30 juin de l'aéroport Charles de Gaulle pour Lavacoïa (•), puis en car pour Lugo
et un autre pour Sarria, ville de départ de notre pèlerinage.
Ah oui ! J'oubliais, j'ai failli ne pas embarquer dans l'avion car l'autorisation de sortie de territoire était signée
par Papa et la photocopie de la carte d'identité était celle de Maman.
Heureusement Papa a aussitôt envoyé la photo de la sienne sur le téléphone de Papy.
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Notes •
Jumper, véhicule Citroën aménagé par le grand-père.
Lavacoïa (Lavacolla), l'aéroport de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Albergue, refuge où de nombreux pèlerins font étape.
Macron, le Président de la République depuis mai 2017
Chariote, chariot porte sac bricolé par le grand-père.
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Ouf, j'ai pu monter dans l'avion !!
Nous sommes partis de Sarria le samedi matin 1/O7/2017
après avoir passé la nuit dans ma 1ère albergue (•).
J'étais heureuse de cheminer aux côtés de mon grand-père.
Chaque jour me réservait des merveilles, les fleurs, les
animaux, les paysages et surtout les gens. Ils étaient
chaleureux et attentionnés. Bien souvent je prenais la main
d'une pèlerine pour cheminer quelques kilomètres : un jour
une Anglaise, le lendemain une Espagnole et puis une
Taiwanaise ou une Belge...
Les journées se suivaient et tous les soirs après une
quinzaine de kilomètres, une nouvelle ville, une nouvelle albergue
et bien sûr, un accueil incroyable de la part des hospitaliers.
Tous les jours prêts à se mettre en quatre pour satisfaire mon moindre besoin.
Et c'est ainsi que de jour en jour avec mon petit sac à dos,
mon Papy et sa chariote nous avons parcouru 115 km.
Mon grand-père m'avait affirmé qu'à Saint-Jacques de
Compostelle nous serons accueillis par le Président. Je
pensais bien sûr à Macron (•) !!! Mais non, c'est Guy, le
président de l'Association Française des Pèlerins de Saint
Jacques de Compostelle qui nous a fait le plaisir de nous
délivrer notre compostela ainsi que le certificat de distance
parcourue.
Nous avons participé à la messe des pèlerins à la fin de
laquelle le «botafumeiro» m'a émerveillée.
Nous avons ensuite visité cette belle ville, puis de nouveau
la cathédrale et c'est alors qu'un monsieur de la sécurité
demande à tout le monde de sortir car la messe allait commencer.
J'ai insisté pour rester et nous avons assisté à notre 2ème
messe. Nous avons été voir la Chapelle de France, le
reliquaire et faire l'embrassade des épaules de Saint Jacques.
Je n`ai pas attendu mon retour à la maison pour demander à
Papinou de me ramener l'année prochaine sur un autre
chemin.
Je voudrais faire le chemin des Anglais, mais comme il est
trop dur pour mon âge, alors je crois que nous ferons celui
des Portugais.
J'ai hâte d'avoir 9 ans !!!
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