Nous quittons Tartous par la corniche sur laquelle nous croisons des bandes de collégiens et de lycéens qui déambulent en attendant l'heure. Certains sont assis en rond, en groupes volubiles, sur la plage de terre et de pierres. Presque propre. On se demande et on se redemande pourquoi ils ne profitent pas plus longtemps de leur lit, de leur famille, de leur maison.
La ville se prolonge le long de la mer en une zone de maisons individuelles cossues, alignées sur une seule rangée entre la route et la côte. On pense villégiature, mais il s'agit manifestement d'habitat permanent puisqu'il y règne une activité de ménage et de jardinage. L'île d'Arwad dessine sur la mer un long trait blanc et rose, au loin, à notre sud-ouest. Le ciel est pâle, la mer est calme, nous cheminons, sereins, comme des enfants.
Après deux ou trois heures de marche, le chemin de terre qui prolonge la corniche se termine dans une propriété privée dont l'entrée est gardée par deux factionnaires pacifiques ; ils nous indiquent comment rejoindre la route principale sans faire de trop grands détours. Je ne sais si la main de Dieu nous guide, mais ce départ volontairement risqué par la corniche − toujours attirés par la mer − nous conduit aux ruines d'Amrit que nous n'aurions pas trouvées par la route nationale. On n'a pas vu Ougarit, mais on aura vu Amrit. Il est vrai que la réputation de celle-ci est loin d'atteindre la renommée de celle-là, sans doute parce que Ougarit est liée peu ou prou à l'invention de l'alphabet. Vraiment en ruines, Amrit. Tout est à plat et il faudrait beaucoup d'imagination pour redresser les murs par la pensée et reconstituer colonnes, fontaines, temples et monuments.
Sur la grand-route, nous nous retrouvons en terrain familier, avec ces indigènes qui nous hèlent, nous invitent à boire un thé ou à une conversation, ou nous saluent tout simplement avec un sourire :
− Al salam halaï kum.
Si on écoutait notre cœur, on s'arrêterait tout le temps. Mais notre traite est longue et la raison l'emporte le plus souvent. Nous faisons une pause devant la boutique d'un petit épicier qui remplit nos sacs de mandarines.
El Hamidyah est une ville qui se donne des airs de gros village avec ses maisons plates et ses terrains vagues. Elle s'étale le long de la route comme un chat qui s'étire. À Tartous, sœur Angèle nous avait conseillé de nous adresser au maire (Al mouhtar), car il n'y a ni hôtel ni communauté chrétienne à Al Hamidyah. Nous trouvons la mairie assez facilement bien qu'elle ne se distingue en rien d'une demeure familiale. Il y a quatre locaux dans cette mairie ; dans l'un d'eux, trois employés s'affairent derrière trois vieux bureaux. Ils nous écoutent avec sérieux; on sent bien qu'ils ne peuvent pas grand-chose pour nous, mais une quatrième personne entre, puis deux autres... Il y a des va et vient et l'on devine qu'une solution mûrit. En effet un septième homme arrive, il est jeune, glabre et vêtu d'un costume trois pièces à l'occidentale. C'est le dentiste. On est allé le chercher parce qu'il parle bien l'anglais. Une grande gifle à mon amour-propre d'arabisant. Il nous indique où aller : La maison qui fait le coin au deuxième carrefour après le monument à la gloire d'Hafez Al Hassad, c'est la famille de Saïd Ibrahim, un professeur de français au collège d'El Hamidyah.
Lorsqu'on arrive chez lui, Saïd Ibrahim est encore au travail, et nous sommes reçus par sa femme, étonnée mais accueillante.
− Mais qui donc vous a donné notre adresse ?
Et dans ce questionnement, on perçoit la surprise d'avoir été distinguée entre toutes pour recevoir de nobles étrangers.
− C'est le muhtar qui nous a conduits à vous.
L'honneur en est d'autant plus grand !
On se plaît à imaginer une situation analogue chez nous, en France, où un pèlerin d'apparence sémitique demanderait asile à la mairie et débarquerait inopinément dans une famille. Pas besoin d'imagination : j'ai vécu une situation approchante (apparence sémitique en moins) dans une petite commune du chemin d'Arles, après Toulouse, à la sortie de la forêt de Bouconne. Le patron du bistrot m'a expédié chez le diacre, à l'autre bout du village ; le diacre était absent et sa femme m'a renvoyé sur la mairie. À la mairie, on m'a donné les adresses de deux hôtels à l'Isle-Jourdain, à cinq ou six kilomètres de là, et, comme je faisais part de ma grande fatigue, on s'est contenté de me donner les horaires d'autobus pour l'Isle-Jourdain. Comme le dernier bus était déjà passé, j'ai dû reprendre mon sac et mon bourdon...
En attendant le maître de maison, la dame, qui parle quelques mots de français, nous fait entrer dans la pièce à vivre. C'est une jeune femme souriante et belle, sans coquetterie ; elle est vêtue sans recherche d'un long sarrau bleu ; ses cheveux sont enfermés dans un haïk blanc. Elle nous apporte un immense plateau sur lequel sont disposés cinq ou six plats et une pile de pain azyme. Pendant que nous faisons honneur au repas tout en nous racontant, les trois enfants arrivent. Ouragh, l'aînée, a seize ans. Elle doit être en classe de première (ou son équivalant syrien) puisque ses épaulettes sont ornées de deux galons rouges. Elle a un sourire plein de charme. Moubarah a quatorze ans et doit être en troisième avec ses trois galons jaunes ; il nous dit que son nom signifie "compétition" , et il a l'air de se sentir à la hauteur de son nom. Osman a dix ou onze ans. Sans galon sur ses épaulettes, il n'est pas encore en sixième. Les deux garçons sont enjoués et espiègles et donnent constamment l'occasion à leur mère de les rappeler à l'ordre. Ils se jettent sans arrêt et avec élan sur le lit pour se donner les émotions du trampoline. Car il faut dire que cette pièce sert de salon (ici, on dit plutôt "salemlik", la pièce où l'on reçoit) et de chambre à coucher. Le coin salon comporte un canapé et deux fauteuils et le coin nuit un simple lit d'une place et demie. Les murs blanchis à la chaux sont nus. Le mur extérieur est percé d'une lucarne au-dessus de la hauteur d'homme; on n'a donc aucune vue sur le dehors.
Notre repas terminé, Ouragh me montre fièrement son cahier de français. Elle a une leçon portant sur la formation des adverbes à partir des adjectifs. Nous nous amusons à travers des exemples... et des exceptions. Evidemment. Et pendant ce temps, le salemlik se peuple peu à peu d'un vieil oncle, d'un cousin, d'une belle-sœur et son bébé, de quelques voisins et amis. Je ne peux m'empêcher d'orgueil en pensant que nous sommes la cause de cette réunion. On sert le thé dans la gaieté. La dame raconte notre programme aux nouveaux arrivants qui font des signes d'approbation et d'admiration de la tête.
On est si bien, ici, ils nous portent un tel intérêt et prennent une telle part à notre aventure que je désire leur montrer que nous sommes nous aussi sensibles à leur existence, à leur culture et à leur reconnaissance. En gage de ma gratitude, je me lance dans le récit d'une histoire que j'ai apprise par cœur et qui met en scène un héros de la littérature populaire du nom de Goha. J'espère qu'elle leur plaira autant qu'elle m'a réjoui. La voici, traduite au plus près possible du mot à mot :
"Un jour, Goha emprunta à son voisin une casserole pour faire la cuisine et il ne tarda pas à lui rapporter non seulement sa casserole, mais aussi une autre petite casserole. Et comme le voisin le questionnait sur cette petite casserole, Goha lui répondit :
− C'est un bébé casserole qu'a enfanté la tienne quand elle était dans ma maison.
− Une casserole qui fait des petits ! Gloire à Allah, le tout puissant !
Et le voisin rassembla toutes les casseroles qu'il possédait et les proposa à Goha en disant :
− Je souhaite que tu gardes ces casseroles dans ta maison, peut-être qu'Allah voudra que quelques-unes fassent encore des petits.
Goha accepta. Et il se passa quelques semaines sans que le voisin ne reçût de nouvelles. Un beau jour, impatient, il se rendit chez Goha pour s'enquérir de ses casseroles. Alors, la mine triste, Goha lui dit :
− Brave homme ! Demande à Dieu consolation. Il y a eu une épidémie et toutes tes casseroles sont mortes !
− Des casseroles qui meurent ! Menteur ! C'est toi qui veut me voler mes casseroles.
Et le voisin porta plainte auprès du qadi. Quand celui-ci vint interroger Goha sur cette histoire, Goha lui dit :
− Monseigneur le qadi, celui qui croit que les casseroles naissent de leur mère, il est obligé de croire que les casseroles peuvent mourir !
Là, le qadi se mit à rire et pardonna Goha."
Les rires francs qui ponctuèrent cette récitation étaient autant dus à l'histoire elle-même qu'à mes maladresses de langage et mon accent sans doute étrange.
Lorsque Saïd Ibrahim arrive, on sent d'instinct que le chef est rentré
; car il s'établit comme un silence fait de considération et de respect ; les voisins saluent avec componction, Moubarah et Osman cessent leur agitation, la jeune belle-sœur qui allaitait son bébé rengaine sa mamelle brune ; le cousin rend des comptes avec soumission. Lorsque sa femme lui apprend que nous sommes ses hôtes, il s'adresse à nous sur un ton plein de solennité :
− Soyez les bienvenus, vous êtes ici chez vous.
Saïd Ibrahim a tout d'un notable dans son costume cravate. Cheveux noirs, teint mat, maigreur d'ascète, regard perçant sous des sourcils touffus, il respirerait l'austérité si un demi sourire n'éclairait pas constamment son visage. Il nous montrera qu'il sait rire, aussi.
L'ambiance change. Les conversations qui se croisaient de façon amicale et désordonnée s'organisent autour de Saïd Ibrahim qui traduit dans un sens les étonnements sur notre démarche, et dans l'autre, nos réponses. Il s'enquiert de notre projet par bribes, entre les autres échanges, et en arrive à nous demander, presque menaçant :
− Et après Amman, où allez-vous ?
Alors, en prolongement des confidences que l'on a déjà faites sur nos étapes dans les communautés chrétiennes, sur la religion en général et la pratique religieuse en France où l'esprit de liberté et la laïcité ont aboli toute pression sociale, où il est de bon ton de douter dès qu'on a reçu un minimum d'éducation ou de se dire agnostique pour montrer qu'on ne se laisse pas bercer des mots de l'Évangile, on lui concède que Jérusalem est l'aboutissement de notre projet initial, mais qu'en raison du soulèvement palestinien, nous ne savons pas encore si notre aventure se poursuivra au-delà d'Amman. On demandera, là-bas, conseil à notre ambassade.
Saïd nous sait gré de notre franchise et, surtout, de ne pas avoir prononcé le nom d'Israël (ce n'était pas par hasard : on était averti)
− Car ici, dit-il, on ne reconnaît pas Israël, on ne connaît que la Palestine occupée.
Après le départ des visiteurs amis et voisins, sa femme apporte le repas. C'est notre plateau qu'elle a rechargé de crudités. Saïd mange seul, les enfants ont disparu. Quand il a terminé, Saïd nous fait visiter sa maison. Il y a trois pièces et une minuscule cuisine. Les sanitaires sont réduits à un évier de pierre dans le W-C à la turque. Une pièce est entièrement réservée au travail intellectuel ; c'est là que les enfants font leurs devoirs, c'est là que Saïd donne des cours particuliers, et c'est là que sont rangés fièrement les livres de sa bibliothèque. Il y a tout pour l'honnête homme : la Pléiade, les classiques, les philosophes, les romantiques, et tout un rayonnage d'auteurs modernes, de Courteline à Claudel et Mauriac, de Feydeau à Péguy et Bernanos. De quoi satisfaire les appétits les plus exigeants.
Il tient ensuite à nous emmener chez Yasser, un ami palestinien qui possède la télévision par satellite. On accepte de bon gré, plus curieux de l'ami palestinien que de sa télévision.
La maison de Yasser est cossue ; les murs sont tapissés et couverts de tableaux, de dorures et de brimborions multicolores ; trois canapés et de nombreux fauteuils entourent le salemlik, ce ne sont pas des meubles de style mais ils sont de bonne facture ; des tapis épais couvrent le sol.
Yasser nous reçoit avec de grandes démonstrations d'amitié, donne quelques ordres par la porte entrouverte du haremlik d'où sa femme nous apporte bientôt le thé accompagné de makrouts et de bakhlawas. La conversation s'établit sur un mode plaisant, mais elle prend un ton plus grave quand Yasser s'épanche : il est installé ici depuis 1978, chassé par l'invasion et l'occupation israélienne de la région de l'Arkoub au sud-Liban où la résistance palestinienne s'était concentrée.
Et avant ? Avant, il raconte les deux guerres qu'il a vécues comme enfant et adolescent, la fuite vers la Jordanie et la vie dans les camps, puis l'affrontement entre l'armée jordanienne et les feddayin − Septembre noir − qui l'ont amené dans cette région de l'Arkoum pour continuer la lutte contre Israël.
Il parle avec une sorte de retenue, de pudeur, comme s'il avait un peu honte de se trouver ici, en Syrie, dans le calme, la paix et la prospérité de son commerce ; comme s'il avait un peu honte d'avoir depuis vingt-deux ans abandonné la résistance palestinienne à ses anciens frères d'armes.
Puis le ton plaisant revient quand il parle de sa grosse femme toute embobelinée dans une ample chasuble bariolée, et qu'il voudrait changer contre une femme plus jeune :
− Trouvez m'en une en France et moi, je vous en trouve une, ici, jeune et belle.
Sauf aux rares moments où il la quittait pour montrer un mouvement d'escrime avec son sabre d'abattis, pour manipuler son pistolet qu'il nous passait ensuite en main ou bien pour arranger le keffieh sur nos têtes en arrangeant soigneusement les plis, Yasser avait toujours en main la télécommande de la télévision et faisait défiler les chaînes à grande vitesse, sans qu'on ait le temps de s'attacher à la moindre image.
On rentre à la maison. Un matelas a été disposé dans un coin de la pièce, c'est pour nous. Madame nous apporte à nouveau le plateau repas. C'est le même que les deux fois précédentes mais les assiettées de homos et de fromage ont été resculptées et arrosées d'huile d'olive. Je ne sais pas si c'est habituel ou bien si on nous fait un honneur particulier, mais on ne s'attendait pas à manger encore, il n'est pas loin de minuit. On regarde encore la télévision, mais plus sagement, je veux dire sans navigation de canal en canal. Je me demande si c'était programmé ou si c'est le hasard qui fait qu'on regarde − et qu'on écoute − un discours du secrétaire général du Hezbollah (le parti de Dieu), une des factions les plus radicales et les plus intransigeantes dans la lutte contre l'impérialisme israélien et qui prêche la gihad avec des accents guerriers. Le son est mis en sourdine pour ne pas réveiller Osman qui dort dans le lit du salemlik.
Nous sommes étonnés de voir Saïd se déshabiller, soudain, sans aucune gêne en prenant soin de son costume que sa femme emporte dans la pièce contiguë d'où elle revient avec un survêtement. Avant de l'enfiler, Saïd entrouvre ses sous-vêtements molletonnés pour nous montrer la longue cicatrice de sa récente opération et sa femme exhibe avec fierté le flacon où est conservé comme une relique l'énorme calcul qu'on lui a extirpé.
Ce n'est pas parce que l'on se couche que la conversation s'éteint car Saïd, qui partage le lit du salemlik avec Osman, a encore beaucoup de choses à nous dire. Sans se plaindre mais sur un ton de résignation, il nous décrit la vie de labeur qu'il s'impose pour faire vivre correctement sa famille :
− En plus de mon métier de professeur de français, je suis obligé de donner des leçons particulières ; mais cela ne suffit pas et je fais des travaux d'électricité et de plomberie chez un ami entrepreneur ; je cultive un grand jardin et j'élève une chèvre pour en tirer le lait et faire du fromage.
On entendait en effet la chèvre qu'un de ses fils avait attachée pour la nuit.
Comme on complimentait Saïd pour son courage, il a ajouté :
− Est-ce que vous croyez qu'il y a du travail en France pour un homme comme moi ?
Il y aurait certainement du travail en France pour un homme instruit et entreprenant comme lui et Patrick, riche d'un passé brillant en matière socio-économique, lui fait une description des possibilités qui l'emmène jusqu'à une heure avancée. Et jusqu'au rêve, peut-être ?...
Je cherche le sommeil, le cœur enflé de gratitude envers cette famille si attachante et de compassion pour Saïd Ibrahim. Je n'arrive pas à m'endormir car une foule d'impressions m'assaillent à la veille de quitter la Syrie. Quoi ?...
Voici un peuple pacifique, inoffensif et bienveillant ; voilà un pouvoir politique violent, dictatorial, militaire et policier dont la propagande est alimentée tout entière par son intransigeance vis à vis d'Israël. On dit même que ce pouvoir a livré sans combat le plateau du Golan à Tsahal afin d'en faire une "Alsace-Lorraine" qu'il peut invoquer chaque fois qu'il est besoin de rassembler le peuple.
Voici un peuple accueillant, pauvre mais partageur ; voilà un pouvoir népotique et corrompu qui n'a voulu accueillir de la détresse palestinienne que ses factieux, ses opposants à l'OLP (Organisation de la Libération de la Palestine) parce que cette organisation lui portait ombrage.
Voici un peuple franc, loyal, honnête ; voilà un pouvoir fourbe, perfide, dissimulé qui n'a jamais hésité à combattre ses amis, comme en septembre 1970 - Septembre noir - où il tente de déstabiliser le roi Hussein en envoyant ses chars dans la plaine d'Irbid contre l'armée jordanienne sous le prétexte de venir en aide à la résistance palestinienne qu'il combat quelques années plus tard.
Et voici Saïd Ibrahim, un homme sage, instruit, un homme qui nous montrait fièrement sur ses précieuses étagères ses "Voltaire", ses "Diderot", ses "Beaumarchais", un homme éclairé qui se laisse aveugler par la propagande, qui tient un discours extrémiste, qui prône la vengeance au détriment du compromis, qui accepte que la moitié du budget de l'état soit consacrée à l'armée et la police et qui, en même temps, porte un regard amer sur sa propre condition de professeur à cent vingt dollars par mois, effectue des travaux forcés pour élever ses enfants et ne s'aperçoit pas que son sort de fonctionnaire dépend largement de la politique néfaste du pouvoir qu'il approuve sans véritable réserve.
Retourner au début du récit du 11 novembre
Page d'accueil du site AFPSJC |
![]() |
Suite : 12 novembre |
![]() |
"Le Cheveu d'Abraham", sommaire |
![]() |