LE CAMINO de INVIERNO
Cette année Guy précise dans sa lettre aux pèlerins de
l'Association Française des Pèlerins de Saint Jacques de Compostelle que :
"... 2011 va nous faire découvrir "El Camino de Santiago de Invierno por el Bierzo".
Cette perspective d'avancer vers Saint-Jacques de Compostelle, enracinés dans la continuité des marches des pèlerins en suivant un itinéraire original, nous enchante.
Partis de Paris en train le 30 septembre à 23 heures, nous arrivons à Ponferrada le 1er octobre à 16 heures.
Samedi 1er octobre 2011
Ponferrada - Hostal Nuevo Lugar
VOUS ÊTES TOUS LÀ ! ALORS, ALLONS- Y !
Déjà, un petit vent de liberté souffle sur nos cœurs
et nos esprits un peu trop chargés de soucis et d'angoisses de toutes sortes. Nous sommes prêts à marcher
jusqu'à Compostelle !
Sous la forte chaleur de l'après-midi nous avançons sur le
bas-côté de la nationale, après avoir longé le canal Bajo
del Bierzo. Au bout de 10 kilomètres,
un beau massif montagneux aux formes arrondies mais aussi aux curieux pitons
rocheux, se dresse devant nous et suscite notre curiosité. La lumière du soleil
tombe délicatement sur les montagnes, légèrement violacées, au couchant.
Pour nous remettre des fatigues de cette marche, après les voyages en train,
nous avons la joie d'être accueillis à l'Hostal Nuevo Lugar.
Le dîner, composé de soupe galicienne, de truite ou de merlu
accompagné de frites, de dessert choisi par chaque pèlerin est excellent.
Naturellement nous dégustons un peu de vino verde.
Les chambres sont calmes, très propres et agréables.
Nous payons 19 euros pour la nuit et le petit déjeuner et 11 pour le dîner.
Dimanche 2 octobre 2011
Hostal Nuevo Lugar - Las Médulas
VERS LES MINES D'OR !
L'air s'embrase...après une marche magnifique, au milieu de collines, nous
nous arrêtons à Las Médulas, dans la région aurifère du Léon.
Nous faisons halte à Borrènes, dans le gîte privé tenu
par Madame Socorro, place de l'église. L'accueil est chaleureux. Le lieu tout à fait agréable.
La petite église construite en pierres beige, noir et rouille nous attire.
Son clocher à double ouverture si joli, est une invitation à la visite
de l'édifice, au recueillement dans un espace clair et frais, mais ...
dommage, la chaîne du portail solidement cadenassée nous interdit toute visite.
En fin d'après-midi, quelques marcheurs vont aller visiter la somptueuse
forêt de châtaigniers de ce lieu. Certains des troncs splendides de ces
vénérables arbres sont vraiment curieux. En effet, de leur énorme
souche déjà très ancienne s'élance une nouvelle plante,
elle-même déjà plusieurs
fois centenaire. L'écorce ridée du tronc forme un ensemble de sillons
qui serpentent, ondulent pour former un faisceau sublime de lignes amples qui
rappellent par leur souplesse et leur élégance des éléments de la statuaire grecque ou gothique.
Revenus au gîte, le dîner composé de produits de la ferme nous
permet de nous régaler de tomates provenant du jardin, d'œufs frits, de jambon,
de frites. Le dessert, flan de la maison et châtaignes grillées,
termine le repas. Un joli vin couleur rubis (le vigneron est notre hôte)
accompagne nos agapes complétées par une dégustation de
châtaignes au sirop et de poires au vin offertes par des amis marcheurs.
Ce repas fut un petit bonheur partagé.
Nous avons payé : 19 euros pour la nuit et le petit déjeuner, 11 pour le repas.
Aurions-nous si bien dormi si notre hôtesse ne nous avait pas fait goûter sa liqueur de café ?
Et qu'en est-il des montagnes aperçues hier et qui nous ont tant intriguées ?
Voilà ce que le petit bulletin du centre d'information nous apprend : Les
Astures, au 1er siècle avaient déjà découvert de l'or. Un peu plus tard,
les Romains, maîtres de la région, comprirent que c'était
en remontant les méandres du Sil qu'ils accéderaient au métal précieux.
Il décidèrent de faire exploser les montagnes dans lesquelles
étaient établis des puits et des réseaux de galeries sans aucune ouverture
vers l'extérieur afin d'augmenter la pression de l'eau qui devait les
remplir. Puits et galeries se remplissaient d'eau en comprimant l'air
qui s'y trouvait, la pression faisant exploser la montagne. Des conduits
amenaient alors l'eau chargée de boue et de cailloux vers des bassins
de lavage où les attendaient les batteurs d'or. Des rigoles remplies
de touffes de bruyères permettaient à l'eau de s'écouler.
Les plantes retenaient des poussières d'or que l'on récupérait ensuite.
Ces mines, maintenant abandonnées étaient des lieux d'un
intérêt économique considérable pendant des centaines d'années.
Lundi, 3 octobre 2011-11-08
Las Médulas - O Barco de Valdeoras
COMME C'EST BEAU !
Le départ s'annonce agréablement : il fait frais et beau. Nous gravissons
la colline et nous nous retournons pour admirer la vue et imaginer l'exploitation
des mines par les chercheurs d'or romains. La pierre rose et lie de vin s'imprime
sur le ciel bleu. Ce beau paysage, façonné par l'homme est fantastique !
Les collines nous environnent. Marcher est un grand plaisir. Nos sens s'affinent :
nos yeux perçoivent mille petites choses et nos oreilles mille petits bruits.
La rivière Sil nous accompagne dans un paysage délicieusement
pittoresque, aux pentes un peu ardues quelquefois.
Nous dépassons une grande exploitation d'ardoise. Après, ce sont de
nouveau clairières, forêts, châtaigniers, noyers, vignes, amandiers
et pêchers, petites fermes isolées et villages. Nous progressons dans
la poussière, les gravillons ou le macadam chauffé par le soleil brûlant!
La jolie petite église, au fond d'une rue, nous ouvrira-t-elle sa porte ? Non, elle est fermée ! Sa construction est identique à celle que nous
avons tant admirée hier.
Le soir nous nous retrouvons à l'Hôtel de la Perle. Nous payons
21 euros pour la nuit. Le repas du soir se déroule dans un restaurant qui nous sert
calamars, moules, poivrons, melon, jambon, puis, truite ou merlu, foie ou bœuf
braisé, salade et frites. Le tout pour 9 euros. Le dîner est excellent et
ce repas partagé après cette rude étape nous égaie joyeusement.
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Mardi, 4 octobre 2011
O Barco de Vadoreas - A Rua - Montefurado
UN CHEMIN UN PEU CONFUS !
Quels beaux paysages ! Nous suivons le cours paisible du Sil fortement encaissé
dans un chaos d'ardoise, et traversons de vastes chênaies.
Cette fois-ci, nous cheminons dans une immense zone d'exploitation d'ardoise.
Mais le chemin est parfois difficile à trouver. Nous passons sur des
ponts ou sous des tunnels. L'un d'eux était une conduite forcée du Sil pour
l'extraction de l'or au temps des Romains.
Chemins de terre, sentiers, routes voies ferrées, embranchements
délicats, croisements mais, toujours le Sil et ses berges verdoyantes !
Le spectacle des coteaux où pousse la vigne est d'une grande douceur,
les teintes automnales s'harmonisent parfaitement avec le bleu intense du ciel.
Nous nous trouvons dans la région de la "Ribera sacra", dont nous
pourrons apprécier le vin lors du repas du soir.
Maria, notre hôtesse arrive à notre rencontre avec sa voiture.
Elle nous propose de prendre nos sacs à dos...
Difficile de refuser pareille offre, nous sommes en nage !
Arrivés à Rua nous découvrons le gîte pittoresque de
Maria. Sa maison, serrée au milieu d'autres habitations est un labyrinthe, mais quel accueil et
quels bons dîner et petit déjeuner ! La soupe, le plat de jambon,
le poisson, les tomates, les frites et le gâteau sont un vrai régal.
Le vin est produit par un membre de la famille de notre hôtesse.
Nous payons 18 euros pour la demi-pension à savoir : dîner, nuit
et petit déjeuner.
Nous sommes très heureux d'être ici. Sans compter que Mimi et
Jean viennent d'arriver avec leur camion de voyage! Et voilà, tout le monde est là ! Guy,
Mimi et Jean, Françoise et Marc, Véronique et Pascal, Bernard, Gilbert, Anne-Marie, Marcel, Alin, Elisabeth.
Après la messe du soir, nous nous promenons un peu puis allons nous coucher ! Quarts d'heure, demi-heures et heures s'égrènent au
clocher de l'église de Rua...
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Mercredi, 5 octobre 2011
Montefurado-Quiroga
POUSSIÈRE
La chaleur augmente au fur et à mesure, mais les flèches jaunes
assurent nos pas. Des paysages de vergers, d'oliviers, de vignobles nous entourent.
D'humbles hameaux se cachent... Les feuillages des cerisiers flamboient.
De gros figuiers nous saluent de leurs lourdes branches odorantes.
La dégustation des figues fait partie des bonheurs du chemin, ce sont
là les petites pépites de joie que nous conservons dans notre cœur.
Nous passons encore près d'importants centres d'exploitation d'ardoise.
Les belles et lourdes tables et les bancs de pique nique à côté du Sil sont
faits de ce matériau.
Nous laissons sur notre côté gauche les ruines d'un château
de l'ordre de Saint Jean Novais. Nous sommes étonnés par la variété de choses différentes
que rencontrent nos regards. Ne serait-ce pas une des particularités
de ce chemin si riche en découvertes ?
Nous faisons une très bonne rencontre sur cette partie du chemin :
Morizio, un pèlerin italien va nous croiser puis nous oublier.
Nous ne savons pas encore que nous allons le revoir plusieurs fois...et toujours avec joie !
Fatigués, nous ne parlons guère et suivons nos ombres en silence,
méditant dans notre solitude. Nous avons vraiment très chaud :
effectivement la température avoisine 28 degrés !
Le soir le gîte communal nous accueille. C'est un endroit tout à
fait plaisant. Il nous coûte 9 euros.
C'est aussi le prix du dîner, simple et bon que nous prenons au "Mesón Chapa Kufka".
Une nuit calme et tranquille nous remet en forme.
Jeudi, 6 octobre 2011
Quiroga - Pobra de Brollon
CHAMPS DE CITROUILLES
L'étape est longue certes, mais comme ce chemin est pittoresque !
Nous suivons les cours du Sil et ensuite du Mino. Nous grimpons la côte,
descendons dans la vallée, passons un pont romain sur la rivière Lor.
Nous laissons sur les côtés du chemin des petits villages, une
chapelle, de nombreuses exploitations agricoles.
Toutes, souffrent de la sécheresse qui sévit depuis ici depuis
plusieurs mois. Les grands espaces herbeux sont couverts d'une herbe maigre et jaunissante.
Lors d'une montée un peu plus ardue, nous découvrons,
mêlées aux cailloux du sentier de toutes petites figues, des figuettes, qui jonchent le sol.
En levant la tête, nous nous rendons compte que les deux arbres
chargés de fruits sont de vénérables géants
aux grandes branches bien trop hautes pour
que nous puissions les atteindre. Qu'importe, les petits fruits que nous
venons de déguster ont un goût de miel, de soleil, de bonheur.
Il fait très chaud. Des pinèdes nous offrent un peu d'ombre.
À présent les bornes jacquaires sont plus nombreuses. Nous passons
à côté d'une entreprise qui fabrique de telles bornes.
De grosses masses de granit à peine équarries sont alignées
sur le sol. Certaines ont déjà la forme de troncs de pyramides.
D'autres sont légèrement creusées pour recevoir la coquille
stylisée en faïence jaune sur fond bleu que nous connaissons si bien.
Nous longeons aussi des champs de cultures soigneusement entretenues et variées.
Des champs de potirons attirent nos regards.
Impressionnants, ces fruits nous présentent leurs rondeurs orangé,
rouges, jaune marbré de vert, jaune veiné d'ocre, vert foncé.
Ronds ou ovales, lisses ou cannelés, ils égaient les paysages.
La chaleur nous accable un peu mais l'enseigne "Hotel as Viñas" évoque
un endroit frais et accueillant. Et c'est le cas : le petit établissement
qui nous accueille au bout d'un village silencieux, écrasé par
la forte chaleur, est très confortable.
Le menu gourmand prévoit de la soupe de légumes suivie d'une
très riche paella. Fromage, gâteau et alcool maison terminent nos agapes.
Chacun de nous, paye, tout compris 28 euros.
Nous nous endormons dans la quiétude du soir. Le vent souffle au-dehors.
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Vendredi, 7 octobre 2011
Pobra de Brollon - Montforte - Castrotañe
CHEZ PÉNÉLOPE
Un chaud soleil dont l'ardeur est tempérée par un vent léger
nous permet de réaliser la belle et longue marche de ce jour. Le chemin est paisible, serein.
Les bornes et les flèches jaunes sont nombreuses.
Nous longeons une immense propriété. Qui n'y a jeté un coup
d'œil par le portail ? Tout semble si grand, si solide et construit
pour de nombreuses générations.
Maintenant le chemin est constitué de grosses pierres. Un peu plus tard, nous progressons dans des ornières.
D'épaisses ronces s'accrochent à nos pantalons.
Avec ses ombres et ses lumières, ce chemin tortueux a un petit goût
d'éternité. Où le gîte annoncé peut-il bien se trouver ?
Le voilà ! Oui... mais où, exactement ?
Rien ne le distingue du paysage environnant, tant il disparaît au milieu de
murs effondrés et de pins.
Notre hôtesse, Pénélope, d'origine anglaise, débute
dans l'art de recevoir les pèlerins. Son gîte, encore un peu sommaire,
ne permet pas encore de nous loger tous dans de bonnes conditions. Toutefois,
le minuscule hameau est joliment situé.
Pénélope nous offre un thé.
Le repas du soir nous rassemble autour d'un plat de légumes et de viande réconfortant. Le dessert, une tarte de Santiago,
est sans doute la plus moelleuse que certains d'entre-nous aient mangée.
La nuit se passe dans un grand calme. Les cris des oiseaux nocturnes accompagnent notre sommeil.
Le petit déjeuner, le lendemain est varié et bon.
Puisse Pénélope la courageuse réussir son projet de remonter
les murs et réaliser un agréable gîte de pèlerins !
Chacun de nous a payé 24 euros pour la pension. Nous quittons notre
hôtesse et nous enfonçons dans une superbe forêt de
châtaigniers et de hautes fougères.
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Samedi , 8 octobre 2011
Castrotañe - Chantada
CHANTADA !
Nous avançons joyeusement en suivant les bornes jacquaires. Le Sil arrose cette région au paysage encore un peu sauvage,
à la végétation fraîche et variée.
- Chantada !
- Nous longeons la rivière,
- Nous passons ponts, passerelles,
- nous nous sentons un peu chez nous,
- ici,
- en cheminant dans des sentiers ombragés,
- dans les belles forêts de chênes,
- sous les pins majestueux et les énormes châtaigniers
- en foulant de grosses bogues qui laissent couler leurs gros fruits vernis
- en écrasant des glands
- en ramassant quelques noix,
- en faisant craquer les feuilles mortes sous nos chaussures
- ici, encore,
- sous le soleil brûlant,
- butant sur des pierres,
- glissant sur des cailloux
- dérapant sur les chemins recouverts de béton,
- trébuchant sur les pavés des voies romaines
- râpant nos semelles sur le chemin bitumé.
- plus loin,
- en écoutant les oiseaux
- en admirant le ciel si parfaitement bleu
- en suivant du regard le lent mouvement des éoliennes
- là,
- laissant errer notre regard
- des exploitations agricoles,
- aux maisons disséminées,
- des beaux vignobles
- aux cultures variées,
- des villages un peu hors du temps que nous nous gardons bien de déranger,
- aux petites églises bien closes avec leurs cloches immobiles
- là encore,
- En froissant les feuilles de menthe pour mieux les sentir
- En frôlant les belles pierres chaudes des murets
- En mâchant quelques grains de raisin parfumés
- Là, enfin,
- en goûtant
- L'eau fraîche d'une petite fontaine
- Les paroles douces du pèlerin que nous croisons,
- Le silence de celui qui marche un court moment à nos côtés
- La gaieté d'une petite remarque amusante
- Le minuscule présent un regard, un sourire de celui qui nous dépasse joyeusement
- Furtifs, nous passons tout simplement,
- Ici, là, là encore,
- Sous le soleil brûlant,
- Sur la terre de la Galice
- Nous sommes en marche vers Compostelle,
- Notre Chemin !
- Enfin, nous arrivons à Chantada !
Un bel établissement, l'hôtel Mogay, va nous permettre de nous reposer de cette belle étape. La nuit va nous revenir
à 10 euros, le repas pris au restaurant coûtera le même prix.
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Dimanche, 9 octobre 2011
Chantada - Rodeiro
UNE MAGNIFIQUE VOIE ROMAINE
Tôt le matin, nous suivons les petits cailloux que Pascal a semés
afin de retrouver le camino. La longue sortie de la ville nous fait passer par un très grand
parc urbain.
Ensuite nous avançons sur un superbe chemin escarpé qui monte durement,
mais nous fait découvrir ensuite de somptueuses vallées.
Les teintes d'automne mettent en valeur un paysage de vignobles où
d'épaisses terrasses granitiques sans doute très anciennes, sont vouées à
la culture d'un cru réputé : le Ribeiro.
Ici nous découvrons une large, longue et solide voie romaine qui
traverse la forêt. Très raide, elle est constituée de gros blocs formant
sentier et escalier. Nous avançons avec précaution sur les
pierres luisantes, nous glissons sur les feuilles qui cachent les arêtes.
Nous imprimons nos pas dans les pas de ceux qui nous ont précédés
sur ce chemin incroyable. Qui étaient-ils ?
- Hommes, femmes, enfants,
- tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, compagnons
- cultivateurs, paysans,
- soldats,
- négociants, marchands,
- artisans,
- riches, pauvres,
- hommes libres, esclaves
- voleurs, brigands, bandits,
- religieux,
- migrants, fuyards,
- clochards,
- rescapés,
- victimes de désastres de toutes sortes
- aventuriers, saints,
- chemineaux, pèlerins...
Assoiffés de tant de choses, comme nous le sommes nous-mêmes aujourd'hui !
Des rais de lumière éclaboussent de temps en temps le chemin; nous nous concentrons sur nos pas.
Nous sommes heureux.
Ce passage un peu difficile mais, ô combien étonnant ! est l'une
des beautés du Camino de Invierno .
Après la forêt, voilà une belle vallée habitée,
aux coteaux plantés de vignobles roux que nous allons gravir.
Les vendangeurs cueillent le raisin à la main et nous font présent
de belles grappes dorées, très sucrées.
Les feuilles mortes et les fruits des arbres forment d'épais tapis sombres
sur les bords des petites routes, des chemins et des sentiers que nous empruntons.
Happés par le rythme soutenu de la marche, nous avançons avec le
désir de garder toutes ces belles choses en nous.
Des maisons un peu plus nombreuses, une route qui s'élargit et... nous voici à Rodeiro.
L'hôtel Carpinteiras est confortable ; le repas simple et bon. C'est
là que certains d'entre nous goûtent pour la première fois
le délicieux melocotón à la peau dorée.
L'hôte nous demandera 15 euros pour la chambre et 10 pour le repas.
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Lundi 10 octobre 2011
Rodeiro - Lalin
DES CLÔTURES ÉTONNANTES
Notre chemin est extrêmement pittoresque! Nous traversons des ponts, progressons dans divers chemins de randonnées: tantôt c'est de l'herbe,
tantôt de la terre, de la boue aussi; parfois, des pavés, des grosses pierres ou du goudron. Les bornes jacquaires nous permettent d'avancer
sans difficultés d'orientation.
La campagne est belle !
Intéressons-nous maintenant aux clôtures des vastes pâturages
qui nous ont étonnés hier déjà. Ces clos sont constitués de pierres assemblées de
façon très originale: c'est un assemblage de grosses poutres granitiques fichées, non pas perpendiculairement au sol, mais en biais,
pour construire des "V". Ensuite, les jambages extérieurs de deux "V" sont surplombés par une poutre plus longue qui relie la branche extérieure
d'un "V" à une autre branche extérieurs de "V", formant ainsi un ensemble d'une architecture simple, solide et très originale. Il reste des parties
vides comblées avec soin de superpositions de lignes de pierres sèches
formant des dessins réguliers (chevrons ou lignes bien droites), ou remplies
de manière aléatoire, d'une manière plus fantaisiste. Quel
qu'il soit, ce travail est toujours très intéressant.
Certaines de ces clôtures sont vraiment très belles et témoignent
d'un savoir faire remarquable...si exceptionnel même que nous ne pouvons comparer ce
travail au travail actuel de restauration des clôtures. En effet, ce sont
tout simplement des pieux solidement enfoncés dans les sols reliés à des
grillages qui remplacent les constructions de pierres.
Un peu plus tard, nous remarquons que le tunnel que nous traversons, bien que
formé de plaques de béton, comporte à l'entrée et
à la sortie de gros
appareils de masses granitiques finement ouvragées qui rappellent le travail
des clôtures des pâturages. Beau travail de l'homme !
Nous avançons. Le plaisir de marcher est grand. Bien sûr, il fait
vraiment chaud ; mais n'est-ce pas une sensation formidable que de se sentir si bien,
plus léger et plus fort au fil des jours ? Nous ressentons parfois une paix
merveilleuse en nous ; notre esprit, libéré des soucis et de l'urgence
habituels, est libre.
Nous descendons vers la petite ville de Lalin encore endormie, où nous rejoignons
le camino de la Plata. Après la grande église, la place, et nous
voilà arrivés à l'hôtel Palacio où nous sommes très
bien accueillis. Le dîner servi dans cet établissement est
délicieux. Nous payons 15 euros pour
la chambre et 10 pour le dîner.
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Mardi 11 octobre 2011
Lalin - Bandeira
DANS LE JOURNAL LOCAL !
Aujourd'hui, le paysage est encore fortement marqué par l'élevage. Ici. c'est une zone où l'on élève porcs et lapins. L'odeur des abattoirs est parfois un peu forte.
Mais les vastes horizons qui nous entourent sont beaux et le soleil encore brûlant !
À présent nous marchons dans des garrigues.
Les envols de perdreaux effarouchés par la présence inopportune des pèlerins sont parfois impressionnants. Ici, nous traversons des zones de chasse.
Des pistes poussiéreuses ondulent; des sentiers forestiers serpentent, des chemins caillouteux et raides font rouler des pierres.
Des passages de ponts et de routes nationales se succèdent.
Et nous continuons à répéter notre effort en écoutant le bruit de nos pas, bruit auquel répond le son plus clair et léger de nos bâtons sur le bitume.
Ce paysage, un peu sauvage, est si agréable !
Une fumée lourde et grise s'élève dans le ciel ; une odeur de brûlé et les ronronnements des hélicoptères de surveillance nous rappellent que les
incendies ne sont pas rares dans cette région si desséchée cette année.
Un magnifique pont romain aboutit sur une voie empierrée et nous poursuivons notre camino sur la route nationale. Nous découvrons une
belle église romane dont le parvis nous accueille pour nous reposer.
Plus tard, dans l'après-midi, nous arrivons à Bandeira...après avoir profité d'un arrêt pour déguster la première
assiette de poulpe du pèlerinage !
Il faut signaler par ailleurs que le journal local "la Voz de Galicia" prêté par le restaurateur évoque les exploits de l'Association de
Montereau :
le journaliste a illustré son article sur "Un groupe de seniors fidèles au pèlerinage", immortalisant Guy, Bernard, Alain, Anne-Marie, dans la rue piétonne de
Lalin, près du cochon en bronze.
Le soir, calme, soins des pieds endoloris, petites conversations, repos.
À l'hôtel Victorino, nous payons la chambre 17,50 euros et le dîner 11.
La joie de manger, de rire ensemble, est toujours grande.
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Mercredi 12 octobre 2011
Bandeira - Outeiro, Santiaguino
DERNIER GÎTE !
Eh oui ! Déjà la dernière étape avant d'arriver à Compostelle. La marche se déroule à travers des bois de pins, des chemins bitumés, des sentiers.
Les terres sont vouées pour la plupart à la culture des vignes, de l'olivier. Après avoir traversé des villages nous descendons dans une belle vallée.
C'est la rivière Ulla qu'enjambent deux ponts : un pont du 18e siècle et le nouveau pont, impressionnant de légèreté. Ces deux ouvrages d'art construits
à 250 ans d'écart, ne se gênent nullement. Ils témoignent, chacun à sa façon de l'audace des architectes qui ont eu le souci de réunir deux rives
et donc deux communautés d'hommes.
La marche est parfois un peu difficile ; mais nos pas réguliers nous portent toujours plus avant dans un beau chemin forestier sous l'ombre légère des pins.
Nous montons jusqu'au refuge communal. Ce gîte est une construction récente. Spacieux, aéré, bien entretenu, il est admirablement situé et nous
permet de contempler un vaste paysage.
Le prix de la nuit est de 5 euros.
C'est là qu'après un très bon repas préparé par les soins de Bernard, nous passons notre dernière nuit avant Compostelle.
Comme le temps de ce pèlerinage a passé vite !
Les oiseaux nocturnes poussent des petits cris dans le silence.
Rêverie.
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Jeudi, 13 octobre 2011
Outeiro, Santiaguiño - Saint-Jacques de Compostelle.
SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE !
Nous partons dès potron-minet. Le ciel est encore chargé des nuages de la nuit, mais déjà de larges traînées bleues s'étirent au-dessus de la forêt.
Au loin, des petites lumières trouent un très beau paysage de brumes mêlées. Les hameaux, les villages traversés sont encore endormis.
Impressionnés par la beauté des lieux et les ténèbres qui ne se sont pas encore dissipées, nous avançons sans bruit.
Nous nous retournons sur la route pour admirer le Pico sacro, sommet d'où, d'après la légende, la reine Lupa confia des taureaux sauvages
aux disciples de saint Jacques pour former l'attelage qui devait porter le corps du saint à Compostelle. Jolie légende pour nous qui marchons
dans les pas de ceux qui nous ont précédés sur cette voie... depuis si longtemps !
Nous passons un pont magnifique: le puente Taboada dont l'unique et spectaculaire arche franchit le Deza. Edifié au Xe siècle, ce pont a été restauré au XVe.
Un peu plus tard, nous découvrons avec un immense plaisir la collégiale de Santa Maria del Sar. Cet édifice du XIIe siècle est extrêmement
intéressant car s'il est grand, solidement fortifié, il est légèrement penché. Pour quelle raison ?
Nous ne pouvons le visiter aujourd'hui, puisque seul le petit musée est ouvert. Par conséquent, nous ne comprendrons pas comment cet édifice
dont nous entrevoyons juste la nef aux majestueux piliers de guingois et aux murs qui s'écartent, réussit à supporter un lourd clocher sans s'effondrer !
Nous quittons la collégiale. À présent, notre marche, loin de ralentir, s'accélère à l'idée d'arriver au but. Nous nous hâtons vers Saint-Jacques de
Compostelle dont le nom nous enchante et suscite des forces nouvelles. Le temps est d'une grande douceur.
La dernière partie de l'étape se passe presque en courant ! Vite, nous nous dirigeons vers le mur d'enceinte, passons la porte Mazarelos,
et entrons enfin dans la ville. Nous nous retrouvons, ravis, au monument, en face du restaurant de Fina.
La masse énorme de la cathédrale nous apaise et nous remplit d'allégresse. Le but de cette marche fatigante, mais si belle, est atteint.
Vite, traversons la cathédrale, déposons notre fatigue avec notre sac et les bâtons à l'hôtel "Suso" dans la rue Villar ; nous rejoignons alors
la file de pèlerins pour obtenir notre attestation.
La joie, une joie toute simple se lit sur tous le regards que nous croisons. L'émotion nous submerge !
Nous dînons avec grand plaisir au restaurant du séminaire transformé en bel hôtel. Le prix du repas est de 11 euros.
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Vendredi 14 octobre 2011
Excursion au cap Finisterre
L'APPEL DU LARGE !
Le parcours s'effectue en bus.
Nous découvrons la superbe côte de la Galice. Ce voyage nous enchante par ses paysages peu marqués par le tourisme et ses couleurs d'une grande douceur.
Ici l'océan et le continent se rencontrent partout. L'activité liée à la mer donne tout son cachet à ce port qui s'avance loin dans
l'Atlantique. Là-bas, à l'ouest, c'est l'Amérique !
Nous marchons vers le phare et visitons une jolie petite église en voie de réfection.
Et comme dans tout port, nous sommes sensibles à l'attrait du voyage que l'on y ressent souvent. D'ailleurs, un monument en bronze représentant une
jeune femme chargée d'une valise et un homme portant un châssis de fenêtre nous interpelle.
Que veut-il nous faire comprendre ?
Oui, les habitants de cette partie de l'Espagne sont partis si souvent et en particulier au XXe siècle,
munis de leur seule valise et de leur savoir faire à la poursuite de leur rêve de vivre et de trouver le bonheur dans un autre pays.
Imaginons un dialogue entre ces deux personnages au regard chargé d'énergie et d'espérance.
- " Qu'y a-t-il au-delà de l'océan ?
- - Des villes peuplées pour trouver du travail et des territoires immenses pour s'établir.
- - Et plus loin encore, derrière ces villes et ces territoires ?
- - L'Eldorado !"
L'allure décidée des sculptures met en exergue l'esprit d'aventure, les illusions mais aussi le courage indomptable de ces hommes et femmes...
quel Eldorado pourra répondre à leur espérance ?
Nous nous promenons dans la ville de Fistera. Les bâtiments, très variés et parfois très beaux, témoignent d'époques glorieuses ou de temps plus
difficiles. Nous faisons halte dans un restaurant où l'on nous sert du très bon poisson.
Ensuite, nous flânons. Nous observons les pêcheurs qui rentrent au port. Un chalutier glisse doucement vers le quai.
Mais que contiennent ces lourds bacs en plastique ? Des poulpes vivants qui font des bulles avant de régaler les gourmands.
En fin d'après-midi, nous repartons vers Saint-Jacques. La mer et cette superbe côte galicienne plantée de pins et d'espèces méditerranéennes
nourrissent nos regards émerveillés. De nombreuses églises romanes en granit, se dressent dans le paysage. Sont elles closes ?
Après le dîner (9 euros) pris chez Manolo à Saint-Jacques, nous errons par ci, par là, dans les ruelles de la ville. Les doux airs de
joueurs de balalaïka russes près des arcades enchantent notre promenade nocturne.
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Samedi 15 octobre 2011
Messe des pèlerins et queimada à Saint-Jacques
AH! LE BOTAFUMEIRO !
Dans la cathédrale, tout bouge, tout remue. La messe d'action de grâce se déroule au milieu d'une foule nombreuse, joyeuse, recueillie.
Et voilà le Botafumeiro qui se oscille dans la nef. Spectacle de choix !
Un silence impressionnant, ponctué par les légers "clics" des photographes, accueille le majestueux balancement de l'encensoir. Le métal brillant est léché
par les petites flammes vives et colorées qui s échappent des ouvertures de cet énorme récipient ouvragé.
Des nuages de parfum s'élèvent .Une odeur de pin emplit la cathédrale Un bonheur enfantin nous submerge.
Une rumeur de plaisir s'enfle pour éclater en applaudissements nourris quand les membres de la confrérie arrêtent leurs
efforts et bloquent l'encensoir avec adresse.
Nous passons ensuite dans la chapelle des Français avec Guy.
Guy, évoque avec simplicité notre marche. Quelques amis s'expriment. Après un moment de silence méditatif,
Françoise nous lit la prière du Pèlerin. Tout y est dit. Ce moment de paix nous touche.
Nous traversons la cathédrale et nous retrouvons dans le restaurant de l'ancien séminaire transformé en hôtel-restaurant.
En fin d'après midi, alors que nous rangeons nos sacs, une rumeur qui grossit nous fait nous pencher à la fenêtre de chez Suso.
Dans la rue Villar, les « Indignados » s'avancent tranquillement vers la cathédrale, en scandant des slogans. Le cortège constitué de plusieurs
milliers de personnes est très impressionnant. Nous lisons les pancartes : "Justicia" "Solidaridad" "Revolución", "Be honest"...
Et nous revoilà plongés au cœur des problèmes qui agitent notre temps : Quel modèle de société plus juste les indignés rêvent-ils de construire ?
Sont-ils vraiment si éloignés de la recherche de l'Eldorado de tous ceux qui les ont précédés, en Espagne ou ailleurs ?
Après le repas d'adieu pris dans un restaurant sous les arcades, nous nous rencontrons autour de la queimada, offerte par Marcel.
Le nom du lieu choisi, « CARPE DIEM », provient d'une maxime latine qui propose de profiter du moment présent, d'en tirer tous les bénéfices.
Ce bar convient donc parfaitement à cette petite fête d'adieu. Nous sommes paisibles et joyeux. Les plaisanteries de Marc nous font rire.
L'alcool brûle. Les flammes nous fascinent. Pascal raconte des blagues. Nous rions, buvons le liquide ambré aux subtils parfums d'orange
et de café, délicieusement collant, qui rempli nos petites tasses en terre cuite .Nous sommes contents d'être là.
Ensemble, tout simplement, nous savourons le moment présent.
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Dimanche 16 octobre 2011
LE JARDIN DE SAINT-JACQUES
Ce matin, nous visitons le beau jardin public de Saint-Jacques, le parc d'Alameda.
L'espace est admirablement agencé, ponctué d'oeuvres d'art en bronze. Nous contemplons les arbres, notamment de très vieux eucalyptus
aux troncs géants et au parfum balsamique, traversons le jardin animé par de joyeux joggers. Les pétunias, impatiens, bégonias,
forment de beaux parterres colorés. Les échappées à travers les frondaisons touffues d'arbres splendides nous permettent de
contempler la cathédrale comme nous ne l'avons pas vue encore. D'ici, l'histoire de ce bel édifice combinant les architectures médiévale,
Renaissance et baroque peut se lire aisément.
Après le déjeuner pris à San Martin Pinario, nous gagnons l'aéroport de Santiago. Nous inaugurons le nouveau terminal qui n'est ouvert que depuis deux jours.
Tout est neuf !
Partis à 18 heures, nous arrivons à 20 heures à Roissy - Charles de Gaulle.
Après les adieux, nous nous séparons avec l'espoir de pouvoir faire partager cette belle aventure avec ceux que nous aimons.
Pour conclure :
- LE CAMINO DE INVIERNO, c'est aussi :
- Le sourire et la douceur d'Anne-Marie,
- La serviabilité indéfectible de Mimi et de Jean ,
- La présence attachante de Françoise,
- Les petits jeux de Bernard et sa joie,
- Les compétences précieuses et l'obligeance de Véronique et Pascal,
- Les conversations impromptues avec Marc,
- Les exploits pédestres de Marcel,
- Les grands silences de Gilbert,
- Les délicates prévenances d'Alin,
- Et naturellement
- Les compétences, le dynamisme, et la bienveillance de Guy.
- Sans oublier les rires, les sourires, les petites remarques ironiques, les blagues, les jeux de mots, les petits silences, les grands silences,
les réponses, les non-réponses.
- Et même,
les petites humeurs, les petites vexations, les petites rudesses, les petits mécontentements, les ampoules, les douleurs dans les pieds,
les soucis, les souffrances de chacun d'entre-nous.
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Oui, ce pèlerinage, c'est tant de choses... et sans doute des milliers d'autres encore. Puissions-nous nous retrouver pour continuer à cheminer vers
Compostelle, aussi librement, sur un itinéraire aussi exceptionnel, sous un soleil aussi radieux !
CARPE DIEM
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