miracle de saint Jacques, musée diocésain de Solsona, province de Lérida
Source de l'image : Musée diocésain de Solsona, province de Lérida

Source de la légende : Trois villes saintes d'Émile Baumann.

Un pèlerin lorrain et son compagnon mort sont transportés en une nuit, des Pyrénées à Compostelle
Trente pèlerins, un mort et 28 parjures

L'an de Notre Seigneur Jésus-Christ 1180, trente hommes du pays de Lorraine firent complot d'aller ensemble faire le voyage de Saint Jacques en Compostelle et, avant de partir, promirent et jurèrent de se garder la foi de société les uns aux autres, et ne s'entrelaisser jusques à la mort ; l'un seulement d'iceux ne voulût faire ce serment et promesse. Or, étant tous arrivés en bonne disposition en une ville nommée Porte-Close, l'un de leurs compagnons devint malade et, pour la promesse qu'ils avaient faite ensemble, le portèrent avec grande peine et labeur par l'espace de quinze jours jusques à un certain port nommé Tifereos...

Finalement, étant fâchés et ennuyés de si longue retardation, quittèrent tous et abandonnèrent ce pauvre malade au pied de la montagne Saint-Michel, excepté celui qui n'avait voulu faire ladite promesse et serment, lequel demeura seul avec lui, et ne le voulut abandonner, et auquel ce pauvre pèlerin malade dit : "Porte-moi, je te prie, jusqu'au faîte et haut de cette montagne." Ce que son compagnon fit très volontiers et non sans grand travail, où, étant parvenus, advint que, environ l'heure du soleil couchant, ce pauvre malade rendit l'esprit à Dieu ; de quoi son compagnon, fort dolent et étonné, commença à entrer en une grande crainte et frayeur, tant pour se voir seul avec ce corps mort que pour l'obscurité de la nuit prochaine et cruauté des habitants de ce dit pays, barbares et inhumains ; et, se voyant sans espérance de secours humain, eut recours à Dieu par prières et oraisons. Et, incontinent, le glorieux Apôtre Saint Jacques s'apparut à lui en forme d'un homme à cheval et lui demanda la cause de son deuil et de ses pleurs. Auquel il répondit : " Seigneur, ce n'est pas sans cause que je suis triste et étonné, pour me voir ici seul demeuré avec ce corps mort et qu'il est nuit, n'ayant aucun moyen d'ensevelir ce corps. " Lors Saint Jacques lui dit : "Baille-moi ce corps devant moi sur mon cheval et monte derrière moi." Ce qu'étant fait, ils firent cette nuit-là autant de chemin que l'on eût su faire en douze journées, tellement que devant le soleil levé ils se trouvèrent à la Montagne qui est à demi-lieue de Saint-Jacques. Et en ce lieu le benoît Apôtre mit bas ce corps mort et commanda à ce pèlerin vivant d'aller inviter et appeler les chanoines de son Église de Compostelle pour mettre en sépulture ce pèlerin mort. Ce qui fut fait avec grande solennité.

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ASSOCIATION FRANÇAISE des PÈLERINS de SAINT JACQUES de COMPOSTELLE