Le Dieu Tout-Puissant, qui est admirable dans ses Saints, a
voulu, dans sa Providence, que, tandis que leurs âmes jouissent au ciel
d'un bonheur éternel, leurs reliques fussent sur la terre entourées de
grands égards par les hommes et honorées de la splendeur du culte
religieux.
Aussi il n'est pas étonnant que, d'après les desseins de
la divine Providence, les corps de certains saints, longtemps laissés dans
les ténèbres des caveaux et oubliés des générations précédentes, soient
remis à la lumière dans les jours où l'église est particulièrement
tourmentée par des tempêtes violentes, alors que les chrétiens ont besoin
d'un excitant plus puissant pour pratiquer la vertu. Au cours de ce
siècle, dans lequel le démon livre à Dieu et à son Christ une lutte
effroyable, bien à propos ont été trouvés les restes de saint
François d'Assise, de sainte Claire, vierge et fondatrice d'Ordre, de saint
Ambroise, docteur pontife, des saints Gervais et Protais martyrs, de saint
Philippe et de saint Jacques apôtres.
À ce nombre il faut ajouter ceux de saint Jacques le Majeur, apôtre, et
de ses deux disciples Athanase et Théodore, récemment retrouvés
dans l'église principale de la ville de Compostelle.
D'après une tradition orale constante, répandue partout,
qui remonte jusqu'aux temps apostoliques et confirmée d'ailleurs par des
Lettres publiques de Nos Prédécesseurs, saint Jacques fut condamné au
martyre de la décapitation par le roi Hérode, et son corps fut soustrait
clandestinement par ses deux disciples, Athanase et Théodore. Ceux-ci,
craignant que les reliques de saint Jacques ne fussent anéanties si elles
venaient à tomber entre les mains des Juifs, les emportèrent sur un navire
et s'éloignèrent de la Judée. Après une heureuse
traversée, ils atteignirent l'Espagne, et l'ayant contournée,
ils abordèrent sur la côte à l'extrémité de la
Galice, pays qui, d'après une pieuse tradition, avait été
évangélisé par saint Jacques, sur inspiration divine, après
l'Ascension du Christ.
Arrivés à la cité espagnole appelée Iria Flavia,
ils résolurent de s'établir là dans un petit domaine.
Ils déposèrent les reliques du saint Apôtre, qu'ils avaient
apportées, à l'intérieur d'une crypte creusée à
même d'un rocher et dans un loculus construit à la
manière romaine ; au-dessus de ce tombeau, ils érigèrent une petite
chapelle. Lorsque Athanase et Théodore eurent terminé leur course
mortelle, les chrétiens de l'endroit, ayant en grande vénération ces deux
saints personnages, ne voulurent pas séparer leurs corps de celui du saint
qu'ils avaient si pieusement conservé leur vie durant. Ils les placèrent
donc dans le même tombeau, l'un à droite, l'autre à gauche de
l'Apôtre.
Peu après, les chrétiens étant persécutés et mis à mort dans toute l'étendue de l'empire romain, le tombeau du saint resta
caché durant quelque temps.
La tourmente passée, les Espagnols, qui avaient une grande
vénération pour saint Jacques ayant connu la translation de son corps,
vinrent en grand nombre à son tombeau et le visitèrent avec autant de
piété que l'on visitait à Rome et ailleurs les tombeaux des Princes des
Apôtres et les cimetières des saints martyrs. Dans les âges suivants les
Barbares, d'abord, envahirent le pays, puis les Arabes, sous la conduite
de Muza, dévastèrent l'Espagne et, en particulier, les provinces du
littoral. Alors la petite chapelle fut détruite, et le tombeau du saint
disparut pendant longtemps sous un amoncellement de ruines.
Malgré le temps, les Espagnols ne perdirent pas le souvenir de leur pieux
trésor.
Au commencement du IXe siècle, sous le règne d'Alfonse le Chaste,
Théodomir étant évêque de l'église d'Iria Flavia, la tradition
rapporte qu'au-dessus de la crypte qui renfermait les restes de saint Jacques et de
ses deux disciples apparut, comme détachée du ciel, une étoile
resplendissante, indiquant par sa lumière le lieu où étaient
renfermées les saintes reliques.
L'évêque Théodomir, heureux d'un si grand
présage, ordonna des prières publiques à Dieu, auteur de ce prodige,
déblaya les ruines de l'ancienne chapelle et, à l'aide de fouilles,
parvint au tombeau désigné, qui renfermait dans des compartiments
séparés les trois corps des saints.
Pour mieux préserver et défendre ce lieu sacré, il
édifia un mur tout autour et environna le précieux trésor de
solides constructions. À la nouvelle de cet événement, le roi Alfonse vint
aussitôt vénérer le tombeau de l'apôtre ; il ordonna la reconstruction
sous forme nouvelle de l'antique chapelle et donna à perpétuité, pour
l'entretien de ce temple, la propriété d'un bien-fonds mesurant trois
milles de longueur. La ville proche de la crypte, qui jusque-là s'était
appelée Iria Flavia, reçu le nom de Compostelle, en souvenir des heureux
présages manifestés par l'étoile.
De nombreux miracles rendirent encore plus illustre le tombeau de
l'Apôtre et attirèrent pour y prier,
non seulement les populations des villes voisines, mais aussi des régions
plus éloignées. Le roi Alfonse III, mû par l'exemple de son
prédécesseur, fit agrandir le temple tout en conservant intact
l'antique loculus où reposaient les reliques ; il déblaya
complètement les anciennes constructions et orna cette église
avec une magnificence toute royale.
Sur la fin du Xe siècle, des troupes farouches d'Arabes,
envahissant de nouveau l'Espagne, pillèrent de nombreuses villes,
massacrèrent un grand nombre d'habitants, et dévastèrent
toute la contrée par le fer et par le feu.
Le féroce émir Almanzor, sachant le culte que
l'on avait pour le tombeau de saint Jacques, avait arrêté de le livrer au
pillage et de le détruire; en réalisant son dessein, il savait être maître
de la plus puissante forteresse en laquelle les Espagnols mettaient tout
leur espoir. À cette fin il ordonna au chef de ses hordes de pillards
de marcher droit sur Compostelle, d'attaquer la ville et d'anéantir par le
feu le temple et tous les objets sacrés. Mais Dieu, au seuil de la demeure
sainte, éteignit l'incendie qui déjà avait pris et
s'était propagé.
Il frappa Almanzor et son armée par des tourments atroces qui, les
disséminant, les obligèrent à s'éloigner dc Compostelle : presque tous
avec Almanzor périrent de mort subite.
Restaient encore éparses, autour de l'hypogée, les cendres de
l'incendie dû à la férocité des soldats, mais qui étaient
aussi un témoignage du secours divin. Dès que l'Espagne fut
délivrée de ces calamités, l'évêque de Compostelle,
Didace Pélaez, sur les ruines de l'ancien temple construisit une
église plus vaste, que son successeur, l'évêque Didace Gelmirez,
gratifia d'un culte plus solennel et éleva au rang insigne de basilique,
dont il lui conféra le titre et les prérogatives.
L'œuvre principale de cet évêque fut la récognition des
reliques à lui transmises, et la préservation du loculus rendu
inaccessible au moyen d'un mur exhaussé sur sa partie supérieure. Il
n'hésita pas cependant à séparer une parcelle des saints ossements, qu'il
donna, avec des cédules d'authenticité, à saint Authon,
évêque de Pistoie.
Ce fragment, d'après une expertise récente faite par des spécialistes,
appartenait à la tête : c'est ce qu'on appelle l'apophyse mastoïde ; il
est encore couvert de sang, car il a dû recevoir un coup d'épée lorsque la
tête fut séparée du cou. Ces reliques sont, de nos jours, honorées
dans l'église de Pistoie en grande dévotion, grâce au bruit des miracles
et à la religion ancestrale des habitants. Pendant ce temps, la renommée
du sanctuaire espagnol, répandue de tous côtés, amena une immense
multitude de pèlerins accourant de presque toutes les contrées de la
terre; et ce pèlerinage devint si fameux, qu'il put être mis au même rang
que celui des saints Lieux de Palestine et d'ad limina des saints
Apôtres Pierre et Paul, à Rome. Aussi les pontifes romains, Nos
Prédécesseurs, réservèrent-ils au siège apostolique la dispense du vœu de pèlerinage à Compostelle.
Sur la fin du XVIe siècle, l'Espagne presque tout entière
subit une épouvantable et désastreuse tourmente; au milieu de
ce désastre, le tombeau du saint Apôtre courut un danger tout particulier.
La guerre avait éclaté entre l'Espagne et l'Angleterre. Les Anglais, qui
de la vraie foi étaient passés dans le camp de l'hérésie, avaient résolu de piller les églises catholiques, de les détruire
ainsi que toutes les choses saintes, après les avoir violées.
Dans la Galice, extrême
région maritime exposée aux armées ennemies, les temples
furent détruits, les images des saints, leurs reliques, et tous les objets les plus sacrés furent brûlés par la fureur hérétique.
Et afin d'éteindre, disaient-ils, la plus pernicieuse des superstitions,
ils mirent le siège devant Compostelle.
En ce temps, à la tête de cette église gouvernait le
très pieux archevêque Jean de Saint-Clément.
Après s'être entendu avec les chanoines et tout le chapitre pour
cacher en lieu sûr les reliques de divers saints, il se chargea lui-même
de la principale des reliques : celle de saint Jacques.
Mais, comme les ennemis approchaient, précipitamment et à la
dérobée les trois corps furent cachés par l'évêque.
Il avisa cependant que le nouveau loculus fût élevé avec les matériaux de
l'ancien construit à la façon romaine, afin de laisser à la postérité un
témoignage de leur identité. Dès que les ennemis se furent retirés et les périls de la guerre passés, les habitants de Compostelle et les
pèlerins qui venaient fréquemment dans ce lieu tenaient pour certain que
les saintes reliques étaient au même endroit où elles avaient
été déposées primitivement.
Leurs descendants partagèrent la même opinion, de telle sorte que,
même de nos jours, les chrétiens pensaient que les reliques se
trouvaient dans l'abside du maître-autel. Aussi bien allaient-ils dans
cette chapelle majeure pour les vénérer de plus près et le clergé de la
basilique y terminait la prière quotidienne par le chant de l'antienne
propre.
Lorsque Notre Vénérable Frère, le Cardinal de la Sainte Église
Paya y Rico, aujourd'hui archevêque de Compostelle, eut, depuis quelques
années, entrepris de restaurer la basilique, il mit à
exécution l'idée qui tourmentait son esprit : à savoir,
d'examiner le lieu où avaient été déposées
les reliques de saint Jacques et de ses disciples Athanase et Théodore.
Pour une affaire si importante, il délégua des dignitaires de
l'église très experts qui devaient diriger les travaux. Les choses se
passèrent tout autrement qu'on ne s'y attendait. Dans l'hypogée, explorée
de toutes parts, ainsi que dans les retraites qui existaient encore autour
de l'autel majeur, rien ne fut trouvé. Enfin, après un redoublement de
prières par le clergé et le peuple, au centre de l'abside, en arrière du
maître-autel et devant un autre autel placé plus avant, une dalle fut
enlevée, et après qu'on eut creusé à deux coudées,
un sarcophage apparut aux ouvriers, sur le couvercle duquel une croix était
sculptée.
Ce sarcophage était composé de pierres et de briques tirées
de l'ancienne crypte et de l'ancien tombeau. Le couvercle fut levé devant des
témoins, et on reconnut des ossements appartenant à trois squelettes
d'hommes.
Notre Vénérable Frère, Cardinal archevêque de Compostelle,
conformément au décret du saint Concile de Trente, ayant entendu des
savants et des hommes pieux, et réclamé l'avis des experts les plus
distingués, fit le procès-verbal de tout cela, et demanda s'il constait de
l'identité de ces reliques trouvées avec les corps de saint Jacques le
Majeur et de ses deux disciples, Athanase et Théodore ?
L'archevêque, examinant toutes choses selon les règles de la discipline
ecclésiastique, avec un jugement prudent et éclairé se
déclara pour l'affirmative et approuva.
Ensuite le même Vénérable Frère, archevêque de Compostelle,
Nous envoya la relation de tous ces faits, avec sa sentence, et Nous
supplia de confirmer cette sentence par le jugement suprême de Notre
autorité apostolique.
Nous, ayant reçu avec bienveillance la demande qu'on Nous a
adressée, et sachant parfaitement que le tombeau vénérable de
saint Jacques le Majeur peut, à juste titre compter parmi les plus
célèbres sanctuaires que les chrétiens honorent dans tout l'univers et
qu'ils y font des pèlerinages sacrés pour satisfaire les vœux qu'ils ont
émis ; sachant en outre que Nos Prédécesseurs, Paschal II, Callixte II,
Eugène III, Anastase IV et Alexandre III, par diverses Constitutions,
l'ont enrichi et comblé de privilèges et d'honneurs, Nous voulons que pour
une affaire si importante soit employée toute la diligence dont le
Saint-Siège a toujours coutume d'user.
C'est pourquoi de la Sacrée Congrégation des Rites Nous avons
nommé quelques-uns des Cardinaux S. R. E., à savoir :
Dominique Bartolini, préfet ; Raphael Monaco Lavalette,
Miecislas Ledochowski, Aloys Serafini, Lucide-Marie Parrochi, Ange
Brianchi et Thomas Zigliara ; et de cette même Congrégation, les Prélats
officiaux, Nos chers Fils, Maître Vincent Nussi, protonotaire apostolique
; Laurent Salseti, préposé aux actes ; Augustin Caprara, postulateur des
canonisations, et avec eux, Aloys Lauri, assesseur. Nous leur avons confié
à tous ensemble cette affaire à examiner.
L'assemblée ayant eu lieu au palais du Vatican le 20 mai de l'année
courante, tous, appelés au scrutin, ont donné cette réponse :
"dilata et ad mentem".
Leur sentiment fut que quelques points de haute importance soient examinés avec
plus de soin.
Afin que cette affaire reçût une prompte solution, Nous avons ordonné
au cher Fils, Maître Augustin Caprara, promoteur du Saint-Office, de se rendre
à Compostelle, et là, d'examiner chaque chose en détail,
d'enquêter et de faire un rapport. Celui-ci a reçu la déposition des
témoins, après avoir exigé d'eux le serment, pesé les
objections contradictoires qui paraissaient résulter de leurs dépositions,
interrogé les maîtres en archéologie, histoire et anatomie de Madrid et de
Compostelle et demandé leur avis ; il a inspecté les ruines du plus ancien
loculus, les a comparées avec celles qui ont servi à faire le tombeau
contenant les reliques, a examiné le lieu sous l'abside où elles furent
trouvées ; enfin il a interrogé les naturalistes expérimentés sur chaque
partie des saints ossements. Arrivé à Rome, il a fait de la mission qui
lui a été confiée un rapport complet.
De suite, le comité susdit fut convoqué à nouveau et
l'assemblée tenue au Vatican le 19 juillet de cette année.
Tout doute dissipé, la lumière de la vérité brillant
d'un vif éclat, à la question proposée, à savoir :
Si la sentence portée par le Cardinal archevêque de
Compostelle sur l'identité des reliques qui ont été
trouvées au centre de l'abside de la grande chapelle de la basilique
métropolitaine et qu'on dit
être de saint Jacques le Majeur apôtre et de ses disciples Athanase et
Théodore, doit être confirmée dans le cas et pour
le but dont il s'agit ?
Nos chers Fils, les Cardinaux et les Prélats officiaux,
considérant que tout ce qui a été proposé est vrai et prouvé de telle
sorte que nul ne peut le révoquer en doute et que la connaissance de la
chose a la certitude demandée par les Saints Canons et par les
Constitutions des Saints Pontifes Nos Prédécesseurs, ont répondu à la question:
"Affirmative, seu sententiam esse confirmandam,"
: Affirmativement, c'est-à-dire que la sentence de l'archevêque est
confirmée.
Quand Nous avons appris cette solution de Notre cher Fils,
Dominique Cardinal Bartolini, préfet de ladite Congrégation des Rites,
Nous avons éprouvé une grande joie et de tout Notre cœur Nous avons rendu
grâces à Dieu Tout-Puissant, qui a permis à l'Église, dans des temps si
troublés, de s'enrichir de ce nouveau trésor. Aussi, volontiers Nous
approuvons et confirmons la sentence portée par la Sacrée Congrégation des
Rites, spécialement chargée de cette affaire. En outre, Nous ordonnons
que, le 25 juillet, jour de la fête de saint Jacques, notre décret de
confirmation soit publié du haut de l'ambon dans l'église de la nation
espagnole de Sainte-Marie de Mont-Serrat, à Rome, après la lecture de
l'Évangile, en présence de Notre cher Fils Dominique Cardinal Bartolini,
préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, et des chers Fils Maîtres
Laurent Salvati, préposé aux actes, Augustin Caprara, promoteur du
Saint-Office, avec Aloys Lauri, assesseur, et Jean Ponzi,
pronotaire.
Et maintenant ce qui d'après le décret cité a été établi
par un document solennel de l'autorité apostolique, et pour confirmer
encore par un nouvel acte de Notre autorité, suivant l'exemple de Nos
Prédécesseurs Benoît XIII, Pie VII et Pie IX, qui ont porté un jugement au
sujet de l'identité des corps des saints Augustin, pontife docteur,
François d'Assise, Ambroise, pontife docteur, Gervais et Protais, martyrs
; Nous aussi, tout doute et controverse cessant, Nous approuvons et
confirmons par Notre autorité apostolique, de science certaine et de Notre
propre mouvement, la sentence de Notre Vénérable Frère, Cardinal
archevêque de Compostelle, au sujet de l'dentité des saints corps de saint
Jacques le Majeur, apôtre, et de ses saints disciples Athanase et
Théodore ; et Nous décrétons que cette sentence doit être sûre et
valide à perpétuité. En outre, Nous voulons et ordonnons qu'il ne soit
permis à personne de séparer, enlever, transporter les saintes reliques ou
quelques particules de ces reliques qui reposent dans le vieux tombeau et
sur lequel est apposé le sceau, et cela sous peine d'excommunication
latae sententiae dont l'absolution est rigoureusement réservée à
Nous et à Nos successeurs.
C'est pourquoi, Nous confions et ordonnons à Nos Vénérables
frères Patriarches, Archevêques, Evêques et autres Prélats
de publier solennellement ces présentes Lettres, chacun dans province,
diocèse et cité, de la meilleure manière qu'il jugera à propos, afin que
cet événement très heureux soit partout connu et que tous les chrétiens
le célèbrent avec un zèle et une piété plus grande, et qu'ils
entreprennent les pieux pèlerinages à ce saint tombeau, comme nos ancêtres
avaient coutume de le faire.
Et afin que Nous puissions d'une manière plus efficace implorer le
patronage de saint Jacques et de ses disciples pour la sainte Église de Dieu et
l'univers catholique, à tous et à chaque chrétien de l'un
et l'autre sexe qui, vraiment pénitents, s'étant confessés
le jour indiqué par les Ordinaires des lieux et ayant reçu le
saint Corps du Christ dans les églises dédiées à
saint Jacques, ou dans
celles désignées par l'Ordinaire, auront adressé à Dieu de ferventes
prières par l'intercession de saint Jacques, pour les nécessités urgentes
et les besoins présents de l'église, pour son exaltation, l'extirpation
des hérésies et des sectes impies, Nous accordons avec bienveillance
dans le Seigneur, par la teneur de ces Lettres, une indulgence plénière et
la rémission de tous les péchés, indulgence qui, par mode de suffrage,
peut être appliquée aux âmes du Purgatoire.
Et puisque la très noble nation espagnole, par la puissance merveilleuse
de saint Jacques, a
conservé intègre et inviolée la foi catholique, afin que Dieu dans sa
miséricorde lui accorde la grâce, par la protection et l'intercession de
son Patron, qu'au milieu de tant d'erreurs elle maintienne son âme dans la
sainteté de la religion ancestrale et dans l'ardeur de la piété, Nous
accordons le très grand privilège donné par Alexandre III, Notre
Prédécesseur, de jouir de l'indulgence plénière du Jubilé l'année où la
fête de saint Jacques, 25 juillet, tombe un dimanche. Nous l'accordons
aussi pour l'année prochaine, puisqu'on fera partout, le même jour, des
fêtes solennelles en l'honneur de l'invention et de l'exaltation de son
corps, en suivant le mode et avec les mêmes facultés contenues dans la
Constitution du même Pontife, en date du 25 juillet de l'année 1179.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, l'an de l'Incarnation du
Seigneur mil huit cent quatre-vingt-quatre, aux calendes de novembre,
septième année de Notre Pontificat.
C. CARD. SACCONI, prodataire. F. CARD. CHIGI.
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