ASSOCIATION FRANÇAISE des PÈLERINS de SAINT JACQUES de COMPOSTELLE

Voyage au ponant, à Saint-Jacques de Galice et Finisterre à travers la France et l'Espagne.

de Domenico Laffi (traduction en cours...)

traduction de José Martinez-Almoyna

TURIN (Turin et de Turin au Dauphiné)

En entrant dans Turin, nous passâmes un grand pont franchissant le Pô et au milieu duquel il y a un pont levis qu'on relève la nuit côté ville. Ainsi, on le coupe. Nous avançâmes tout droit à travers un bourg où on construisait maisons, églises et palais car S.A. Royale veut intégrer ce quartier à la ville par une extension de la muraille. Nous entrâmes par la porte appelée du Pô. Près de la première herse, une sentinelle nous demanda d'où nous étions, d'où nous venions et où nous allions. Nous lui répondîmes de Bologne et que nous nous dirigions vers la Galice. Il nous demanda nos passeports et nos documents sanitaires. Une fois le controle effectué, il nous laissa continuer. Nous passâmes tous les postes de garde et les herses et pénétrâmes dans la Place de Son Altesse Royale. Il s'agit d'une grande place de forme carrée ornée de belle manière ... traversée par un beau corridor qui va d'une façade à l'autre, orné à profusion de statues dans la partie haute et supporté par de superbes colonnades sous lesquelles est installée la Garde de Son Altesse Royale. Il y a là un obusier, qu'on appelle ici mortier, en bronze pour lancer des bombes. Par curiosité, j'en pris la mesure et arrivai à 30 empans de long et 12 de large. Il doit peser 10 596 livres (c'est bien précis comme estimation !).

Ensuite, nous allâmes de là à la cathédrale demander pardon devant le grand autel. Au dessus, très haut, se trouve le Saint Suaire qui enveloppa le corps du Christ Notre Seigneur. Il était tout décoré en vue de la fête qui allait se célébrer pour le Saint Suaire. En sortant, nous partîmes à la recherche d'une auberge où nous laissâmes nos baluchons et ensuite nous revînmes à la Place. Le premier poste de garde passé, nous pénétrâmes dans le Palais de S.A.R. Le second poste qui se trouve à la porte dudit Palais passé, on a une grande cour pleine de statues et d'une belle architecture. Plus avant, on a les jardins qui sont sans équivalents en Europe avec des fontaines en bronze et en marbre, ornées de belles sculptures et de l'eau en grande abondance. Il y a une telle quantité d'énormes vases en bronze qu'il est difficile d'en faire l'énumération. Ils contiennent des orangers, des citronniers, des jasmins et autres espèces odorantes et fleuries. Une telle variété d'espèces est confondante.

Nous retournâmes dans la cour déjà citée qui présente deux grands escaliers, si beaux qu'on ne peut en dire plus. Ensuite nous vîmes les appartements de S.A.R. dont je ne décris pas la décoration ni la richesse...

Nous vîmes la nouvelle chapelle en construction pour le Saint Suaire. ... Le socle et le chapiteau qui soutiennent les colonnes sont entourés d'une corniche et de très belles figures tout en bronze. En sortant du palais, nous nous rendîmes directement à la nouvelle place appelée San Carlo qui est vraiment une des plus belles place que j'ai vue ; parfaitement rectangulaire, entourée d'énormes et beaux palais, tous de construction récente. Tous les particuliers sont en train de se faire construire dans cette partie de la ville agrémentée de belles rues. Le plus remarquable est que les palais sont tous de la même hauteur et d'une architecture quasi semblable. Il y a ici une forte citadelle bien équipée et qui, à chaque fête publique, fait tirer toute son artillerie.

Nous nous promenâmes dans la ville qui est vraiment belle et qui possède une des 64 plus fameuses universités qu'il y a dans le monde. Nous parvînmes à la Place aux Herbes, où il y avait vraiment abondance de toutes choses et où se situe le Palais Public de la Communauté de Turin. À une extrémité de la place, il y a une haute tour restaurée en 1667 toute recouverte de fresques et décorée de très beaux dessins. Sur son sommet est disposée une belle et grande couronne royale...

De là, nous retournâmes au palais de Mons. Angelo Ranuzzi, Noble Bolognais, Archevêque de Damiette (Damiette ou Tamiathis en Égypte, c'est un titre honorifique), Nonce Apostolique auprès de S.A. Royale Charles-Émmanuel, duc de Savoie et Prince du Piémont. Ledit Monsignor nous apporta grandement son aide et nous fit de grandes faveurs. Il voulut que nous restâmes là pour nous héberger avec ses gens. À notre départ, il nous fit des passeports et nous remit des lettres de recommandation pour Mons. Borromei, Nonce Apostolique auprès de sa Majesté Catholique d'Espagne.

Avant de nous en aller de la ville, nous voulûmes voir la grande fête qui se célèbre sur la Place de S.A.R. quand on expose publiquement le Saint Suaire. Nous parvînmes à la place qui était remplie de milliers de personnes...

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Nous arrivâmes à une ville appelée San Michele et entrâmes dans une auberge pour nous sécher, puis nous continuâmes vers Rivoli Castello, à cinq milles de Turin. Ce château se trouve en haut d'une petite colline d'où on aperçoit le Palais de S.A.R. Nous continuâmes vers Sant'Ambrogio à neuf milles de distance, un endroit situé au sommet d'une haute montagne. Cependant, comme nous constations que le soleil était en train de se coucher derrière, nous continuâmes à cheminer pour arriver à Sant'Ambrogio à temps. Nous y logeâmes dans un taudis car on ne pouvait appeler ça une auberge. C'était du plus misérable. Nous y avalâmes des châtaignes et de l'eau et dormîmes sur un tas de feuilles, de châtaignier aussi. Elles crissaient quand nous bougions, aussi ne pûmes-nous dormir. (note) Au matin, nous partîmes vers San Gioro (S. Giori pour Laffi), à 7 milles de Sant'Ambrogio. Nous marchâmes toujours le long de la rive droite d'une grande rivière jusqu'à parvenir à Bussoleno (Bussulengo pour Laffi) distant de 2 lieues seulement de San Gioro. De là, nous avançâmes et déviâmes vers Suse sur 4 milles. Suse est dans une vaste contrée, la ville est ceinturée de murailles, dotées de très hautes tours. Un bel endroit, délicieux et où tout se trouve en abondance. Ici, commence à se faire remarquer une montagne appelée le Montcenis (Montsinis pour Laffi), la plus haute parmi les autres. À 4 lieues d'ici, il y a un endroit dénommé Siges (Exilles ?). Toujours dans ces montagnes, et à quelques milles, on arrive à une grande et très belle hostellerie, entourée de nombreuses maisons. C'est le dernier village d'Italie ou de la Province du Piémont, appartenant à S.A. le souverain de Savoie. À un tir de mousquet de ce bourg, sur la gauche, et, à 4 pas du chemin, on voit un grand monument qui côté oriental porte le blason italien et vers l'occident, celui de la France. Avec l'usure du temps et l'ancienneté, on ne peut distinguer les symboles gravés sur les écus ni lire les anciennes devises inscrites en dessous. Ce monument marque la frontière séparant la France de l'Italie car au delà on entre dans le Dauphiné. Dorénavant on parlera de lieue, sachant qu'une lieue correspond à 3 milles italiens.


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