La légende du pendu dépendu racontée par le Polonais Jacobo Sobieski qui passe à Santo Domingo de la Calzada en 1611

Dans cette ville, il y a une église à l'entrée de laquelle on élève des poules ou mieux des poulets blancs qui disposent dans un coin d'une cage grillagée. Les voyageurs superstitieux, notamment les Français et nos compatriotes Polonais, sont de fervents admirateurs de cette volaille. Ils sont convaincus que si, de la pointe de leur bâton, ils présentent des miettes de leur pain devant le poulailler et que les gallinacées s'en emparent et les mangent, ils parviendront à Compostelle sans problème. Dans le cas contraire, ils imaginent qu'ils mourront en chemin. En ma présence, certains tentèrent leur sort, mais je n'eus cure de leur crédulité. À propos de ces poulets, la tradition est la suivante :

Une fois, une mère française et son fils allaient visiter la tombe de saint Jacques à Compostelle. Au moment de quitter l'auberge où ils avaient logé, on les accusa, ou mieux, on accusa le fils du vol d'une coupe qu'avait, en fait, volé la cuisinière de la maison. Le jeune homme français, craignant les tortures, avoua un délit qu'il n'avait pas commis. On le jugea, on le condamna et on le pendit. La pauvre mère, dévastée, continua toutefois son pèlerinage et accomplit son vœu à Compostelle. De retour, elle voulut savoir si son fils avait été enterré et se rendit à l'endroit du supplice. Elle se rendit compte que son fils, pendu à la potence, vivait toujours et en bonne santé. Il la salua avec tendresse et lui dit : "Je suis vivant et en bonne forme. Un homme habillé en pèlerin, portant une auréole brillante autour de la tête, est constamment auprès de moi pour me secourir. Il ressemble à saint Jacques, tel qu'on le représente." La mère, très surprise par ce miracle et remplie de joie se rendit auprès des autorités, on dirait le maire aujourd'hui. Il était à table, en train de déjeuner à cet instant, un poulet rôti devant lui. En entrant, la mère s'exclama : "Bougre de malheureux, vous m'avez jugé mon fils, l'avez condamné à mort, vous avez pendu un innocent après une investigation bâclée et je le retrouve maintenant vivant bien qu'accroché à la potence. Grâce à Dieu, il est assisté par saint Jacques !" En réponse, le maire éclata de rire en disant : "Ton fils est aussi vivant que le poulet dans ce plat". Ces mots à peine prononcés, le coq sauta du plat et s'échappa de la table pour s'envoler par la fenêtre. Le maire, affolé, ameuta ses concitoyens et tous convergèrent vers le l'endroit du supplice. Ils trouvèrent le jeune Français vivant, sain et sauf. On le fit décrocher de la potence et conduire en ville. On refit le jugement après les investigations correspondantes : entre les mains de la cuisinière, on retrouva la coupe volée. On l'accusa et elle avoua. On la pendit. Le Français retourna chez lui en rendant grâce à Dieu de l'avoir délivré de la mort.

Telle est la tradition. Ajoutons que le coq rôti et ressuscité, mérita d'être installé dans l'église en souvenir d'un si grand miracle et les poulets qui y figurent sont ses descendants. Ainsi, on veut affirmer ...

Commentaire : Dans cette version, pas de père, pas de poule et le fils qui avoue. Pour être condamné, il fallait un aveu et, pour l'avoir, on torturait l'accusé !


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Association Française des Pèlerins de Saint Jacques de Compostelle