Une étrange relique jadis vénérée : le bâton (on dit : le bourdon) de l'Apôtre Jacques à Compostelle.


En 1466, le baron Léon de Rosmithal vient à Compostelle. Un membre de sa suite raconte :

...ils nous montrèrent le bâton qu'avait utilisé le saint durant ses voyages. Il est accolé à un autel et est recouvert de plomb car les pèlerins en arrachaient des morceaux en cachette. Ils l'auraient détruit, si, sagement, l'archevêque n'avait pas ordonné de le recouvrir de plomb. Ainsi, on ne voit de ce bourdon que la pointe en fer qu'on peut toucher du bout des doigts.

Erich Lassota von Steblau arrive à Compostelle fin janvier 1581 :

En face du maître-autel il y a un "coro" (1) avec une belle grille autour. La dernière colonne à gauche de la grille est de bronze et elle est creuse à l'intérieur. Le bâton de saint Jacques s'y trouve, armé d'une longue pointe en fer. Les pèlerins s'efforcent de la toucher par en dessous.

Jean Baptiste Confalonieri, en 1594, fait la description suivante :

Devant le chœur, au milieu de l'église, mais laissant le transept dégagé se trouve le "coro" fermé de toutes parts. Sur le côté, se trouve le bourdon de saint Jacques à l'intérieur d'une gaine en bronze décoré. On s'aperçoit qu'il est grand car on ne parvient à toucher que le fer qui mesure un demi empan (10cm).

Source : voir notre traduction du Voyage de Lisbonne à Saint-Jacques de Galice par Jean Baptiste Confalonieri

Guillaume Manier qui fait le pèlerinage à Compostelle en 1726 raconte :

Devant le chœur des chanoines (le "coro") est un pilier sur la droite, où tout le long est un tuyau ou fourreau de fer, où dedans est enfermé le véritable bourdon de St Jacques, dont les pèlerins ont la satisfaction de toucher le fer par en bas.

Source : Voyage d'Espangne

Nicola Albani, en 1743, voyage de Naples à Saint-Jacques de Compostelle et parle du bourdon.

Ensuite, en avant des stalles des chanoines, il y a une colonnette en bronze, où, dit-on, est conservé le bourdon, c'est à dire le bâton qu'utilisait l'apôtre Jacques. Dans ladite colonnette, il y a un petit trou qui laisse juste passer les quatres doigts les plus longs de la main. En glissant les doigts dans ce trou, on touche le bâton, mais on ne le voit pas, car la colonette est d'une seule pièce, sans clé. Le contact fait gagner de nombreuses indulgences.

Source : Veridica Historia o'sia Viaggio da Napoli a S. Giacomo di Galizia...

Zepedano, en 1870, dans le guide Descripcion Arqueologica de la Basilica Compostelana.

...à un mètre du sol et dans un creux il y a le bâton de marche qu'on trouva dans la tombe du Saint Apôtre. Il en fut retiré par l'évêque Théodomire à l'instigation du Roi Alphonse II. En y glissant la main on parvient facilement à toucher le bout de la pointe. De nombreux dévots le font.

Le Guide Bleu, en 1967, mentionnait encore :

Capilla Mayor ... Près et à côté de la grille, une colonne creuse de métal ciselé (XIIe-XIIIe s.), surmontée d'une statuette de St Jacques (XVIe s.), contient le bourdon de l'Apôtre et celui de St François de Sienne (2).

Source : guide Espagne, 1967, page 515

Ces dernières années, la colonne et ses deux reliques ont été transférée à la chapelle des reliques dans la zone musée de la cathédrale.

À vérifier...

dessin de la colonne

(1) Dans les églises ibériques, il y avait souvent, en plein milieu de la nef, une construction massice avec des stales. Là se réunissait le châpitre. Durant les offices, les fidèles installés au début de la nef ne voyaient rien.

(2) François de Sienne ou Franco de Sena ou Siena qu'on fêtait, avant Vatican II, le 11 décembre. Aveugle et pèlerin de Saint-Jacques, il recouvra la vue. La colonne creuse mesurait environ 2,30m. Diamètre 10cm.


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ASSOCIATION FRANÇAISE des PÈLERINS de SAINT JACQUES de COMPOSTELLE