ASSOCIATION FRANÇAISE des PÈLERINS de SAINT JACQUES de COMPOSTELLE


RITES DISPARUS

Au moyen âge, à l'époque des travaux de construction de la basilique de l'Apôtre, les pèlerins du chemin français recevaient dans la région de Triacastela une pierre à porter sur 80 kilomètres. Il s'agissait d'alimenter les fours à chaux implantés entre Castañeda et Arzua avec des pierres calcaires qu'on ne trouve en Galice que dans la zone orientale. Il est probable que le chemin entre Triacastela et Arzua était en très mauvais état et qu'entre Arzua et Compostelle la chaussée était, par contre, bien entretenue.
Cruz de los Harapos
Arrivés à Compostelle, les pèlerins se débarrassaient de leurs vêtements sales et en loques. Ceux-ci étaient entassés et brûlés sur les toits de la Cathédrale au pied de la Cruz de los Harapos qu'on peut traduire par Croix des haillons. Sous cette croix (ou une autre ?), à certaines époques, des pèlerins se contorsionnaient pour se glisser à travers un trou étroit dans la pierre du pièdestal.
Ainsi, en 1581, le Polonais Erich Lassota von Steblau raconte : Sur le toit de l'église est installé une grande croix métallique que saint Jacques avait l'habitude d'emporter avec lui lors de ses prédications. On dit qu'il n'est pas possible de déterminer si elle est en or, argent, cuivre ou autre métal. Au pied de cette croix, dans une pierre cubique, il y a un trou creusé par lequel les pèlerins s'efforcent de passer.
En 1743, Nicola Albani dit pareillement  : Il y a un grand bloc de marbre avec un trou en son milieu juste assez large pour le passage d'un homme. Presque tous les pèlerins doivent y passer parce que les confesseurs donnent en pénitence le passage ou le double passage par ledit marbre troué et disent qu'on y gagne de nombreuses indulgences. Ils ajoutent que lorsqu'on n'a pas fait une bonne confession et qu'on ne mérite pas les grâces du saint pèlerinage à ce sanctuaire très saint, on ne peut passer, bien que le trou soit assez grand mais il devient trop petit. Personne toutefois ne se souvient qu'un tel évènement se soit produit pour quelqu'un quoiqu'en disent les confesseurs. Pour ma part, j'y suis passé et repassé trois fois par jour tout au long de la durée de mon séjour. Chaque fois ce fut toujours aisément la première fois et les suivantes et nous étions parfois huit ou dix pèlerins qui passions sans encombre. Ce qui m'émerveillait, c'est que moi, plutôt petit, je passais et pareillement un autre de forte taille tel un Lelo Caraba. Cette chose remplissait d'admiration tout le monde.
La Cathédrale restait ouverte jour et nuit. Y coucher, si près du corps de l'apôtre, devait être particulièrement émouvant sauf quand la bonne entente entre pèlerins était rompue par des imprécations, des insultes, des coups et des blasphèmes.
Il était jadis impensable de ne pas rendre visite aux diverses reliques exposées avec leurs riches reliquaires dans une des chapelles. Il y avait ainsi beaucoup d'amateurs pour approcher le bâton de marche de l'Apôtre. Ces objets jadis vénérés sont devenus de nos jours des pièces de Musée. Souvent les pèlerins obtenaient et conservaient une liste, dans leur langue ou en latin, des reliques visitées.
Cocatrix
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pour agrandir l'image du reliquaire contenant une dent de l'Apôtre qui fut offert à la Cathédrale par le parisien Geoffroy Cocatrix.
 

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pour agrandir l'image d'un prospectus en français donnant la liste des reliques conservée par la Cathédrale.

liste des reliques
Les pèlerins faisaient comme maintenant l'accolade à la statue de l'Apôtre (voir plus bas) mais, en plus, ils la coiffaient quelques instants avec leur propre chapeau. Lire 4 récits anciens de ce rite.

RITES VIVANTS du PÈLERINAGE à COMPOSTELLE

À Saint-Jacques de Compostelle aujourd'hui, le pèlerin effectue, comme les innombrables pèlerins qui l'ont précédé au cours des siècles passés, un certain nombre de gestes. Ces gestes ne sont pas "réservés" aux seuls marcheurs.

Pour conclure son cheminement et remercier d'être arrivé à bon port, le pèlerin va au portail de la Gloire de la Cathédrale toucher la pierre sous la grande et belle statue de l'apôtre Jacques. En général, il met ses cinq doigts dans les cinq creux du marbre devant lui et rend grâce à Dieu et à saint Jacques. Toutefois, ce geste est actuellement entravé par une barrière. On ne sait si c'est provisoire, si c'est à la demande des beaux arts ou des autorités religieuses ?

Certains ensuite font le tour du pilier pour aller se cogner le front contre la tête de la statue agenouillée. On remercie ainsi le sculpteur du portail, Maître Mateo, d'avoir fait un si beau travail. Cette coutume n'est probablement pas très catholique !

cliché Yan

Le troisième geste du pèlerin est d'aller saluer l'Apôtre, lui faire l'accolade (en espagnol : l'abrazo). Pour l'auteur de ces lignes, la statue engoncée dans des vêtements de métal précieux et avec sa grosse tête inexpressive est franchement laide, mais le geste de l'accolade est très beau.

Jusqu'en 1704, la statue de saint Jacques avait un aspect modeste voire austère. L'archevêque Antonio Monroy, fils du gouverneur de Queretaro au Mexique, ajouta tout un ensemble de revêtements d'argent et de pierres précieuses. L'archevêque Bartolomé de Rajoy y Losada au XVIIIe surenchérit avec des plaques d'or et de nombreuses pierres précieuses supplémentaires. Pendant la guerre contre les troupes napoléoniennes, ces ornements disparurent.
En novembre 2003, la pèlerine d'argent très usée qui recouvrait les épaules de la statue a été enlevée le temps d'en faire une copie plus résistante.

Le quatrième geste du pèlerin est de descendre dans la crypte visiter la sépulture de l'Apôtre Jacques. C'est le but du pèlerinage à Compostelle.

Il faudra bien sûr assister à la messe des pèlerins et, ce qui est très catholique, se confesser et communier. Vous aurez peut-être la chance d'assister à la cérémonie du botafumeiro.

compostela

Pour nos gens de France, il conviendra enfin d'aller prier à la chapelle du Saint-Sauveur (capilla del Salvador) ou chapelle de la France. Ce n'est pas un endroit sombre, car il y a une grande fenêtre avec un vitrail un peu quelconque évoquant les chemins de Saint-Jacques. Au centre du retable renaissance trône une statue de pierre du Christ «en majesté», la paume des mains en avant.

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Pour ceux qui n'ont pas lu notre page "conseils", on rappellera le rite administratif du passage au bureau d'accueil des pèlerins pour enregistrement et délivrance de l'attestation de pèlerinage. Le document, rédigé en latin, porte le nom de "Compostelle" ("Compostela" en espagnol, "Compostella" en latin). Pour l'obtenir, il faut avoir réalisé à pied ou à cheval, les 100 derniers kilomètres. En vélo, les 200 derniers kilomètres.

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